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Arts visuels Saguenay
Ce site est consacré à des créateurs ou gens actifs en arts visuels
au Saguenay (quelques-uns au Lac-Saint-Jean)
entre 1994 et 2003

  • Il regroupe mes articles sur les arts visuels publiés dans Le Quotidien ou Progrès Dimanche
  • Dans la majorité des cas ce sont des comptes rendus d'expositions, mais il y a aussi quelques interviews et quelques nouvelles
  • La plupart des textes sont tronqués parce qu'ils sont très longs. Il suffit de cliquer le lien "voir la suite", à la fin du texte, pour lire l'article complet
  • À droite, index des artistes avec, entre parenthèses, le nombre d'occurrences pour chacun, ainsi que celui des galeries et des années
  • Les textes originaux sont ceux que j'ai sauvegardés sur mon disque dur
  • J'ai refait les titres et corrigé quelques fautes d'orthographe
  • Dans certains cas, quand deux ou trois artistes sont mentionnés dans un même texte, j'ai scindé celui-ci en deux textes distincts
  • Il peut donc y avoir de légères différences entre un article sur ce site et celui qui a été effectivement publié dans les journaux

Améliorations projetées:
  • ajout de textes publiés sur mon blogue depuis 2005
  • ajout de liens et images concernant les artistes

Merci de revenir régulièrement
Denise Pelletier


Note 1: Pour les arts de la scène, j'ai créé un site (billetsdeconcert.com) à partir de ma collection de billets de spectacle. Il renvoie à des textes publiés dans Le Quotidien, Progrès-Dimanche et sur mon blogue Spécial du jour à propos de spectacles présentés depuis 1993, au Saguenay notamment

Note 2: Plusieurs créateurs sont mentionnés dans le répertoire de l'excellent portail régional Arts et culture





















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Thérèse Fortin

Un parcours et un style atypiques
décembre 2003

par Denise Pelletier

(DP) - L’artiste peintre Thérèse Fortin est revenue vivre dans sa région natale, après plusieurs années passées à Québec. Juste au moment de quitter Québec, elle y a réalisé un projet d’une envergure exceptionnelle, soit un immense triptyque peint avec la participation de 1500 personnes, à l’occasion du cinquième anniversaire de la Commission scolaire de la Capitale.
Cela s’est fait en août dernier, sous un immense chapiteau: huit personnes ont aidé Thérèse Fortin à disposer ses mélanges de couleurs et ses spatules sur des tables et à les distribuer aux participants, cadres et  employés de la commission scolaire, afin qu’ils puissent apposer des taches sur la grande toile de 15 pieds par six pieds mise à leur disposition.
Thérèse Fortin a travaillé ensuite pendant six jours à repérer, parmi ces taches, des motifs, des thèmes, des personnages. A partir de ses observations, elle a retravaillé la toile afin d’en dégager trois sujets: un saxophoniste, une étudiante en menuiserie et un joueur de soccer, des thèmes qui illustrent fort bien la diversité des activités étudiantes. Elle a ensuite séparé sa toile en trois tableaux distincts, et le triptyque est maintenant exposé au siège social de la commission scolaire de la Capitale.

Adrienne Luce

La symbolique des loups
décembre 2003 (performance)

par Denise Pelletier
(DP) - Parmi les performances inscrites au programme du colloque Géopoétiques, arts et mémoire de la terre, celle d’Adrienne Luce, particulièrement fascinante, constitue un bel exemple des conceptions de Kenneth White sur la convergence entre la terre, la nature, et l’homme. L’artiste, native de Gaspésie et installée à Chicoutimi où elle poursuit une maîtrise en art à l’UQAC, a travaillé sur l’interaction entre l’humain et l’animal. Sa performance commençait à l’intérieur de la galerie, par une projection vidéo. L’artiste imitait ensuite le hurlement du loup, auquel répondait sa petite chienne, nommée Puce. Puis elle se déplaçait à l’extérieur, près du Pavillon des arts, où l’attendait Rebelle, la louve, tenue en laisse et attentivement surveillée par son maître, Yves Huot.
L’artiste a ensuite enterré sous la neige du pain garni de sardines (le mets préféré de Rebelle): la louve, libérée de ses entraves et attirée par l’odeur, s’étant approchée d’elle, Adrienne Luce a mangé des tranches de pain en compagnie de l’animal. Puis elle s’est étendue par terre et a placé, sur ses mains, sa poitrine et son front, des morceaux de viande rouge que la louve a délicatement cueillis avec sa gueule pour les dévorer.
Cette performance s’inscrit dans le cadre d’une recherche sur les loups que mène Adrienne Luce depuis quelques années. Le geste d’enterrer la nourriture, comme le fait la femelle alpha de la meute pour apprendre aux petits à la trouver, prend valeur de symbole: celui de la relation mère-enfant par le biais de la nourriture, celui de la table comme lieu de rassemblement. La captivité dans laquelle est maintenue Rebelle lui fait penser à celle qui retient les ouvriers à l’usine. Finalement, elle voit dans sa performance, où elle doit faire preuve d’une grande humilité devant la louve, un geste réparateur de la fracture entre l’homme et l’animal, née des préjugés qui ont eu cours au fil des siècles sur le loup, considéré comme un dangereux prédateur, foncièrement méchant.
Adrienne Luce dit avoir développé un fort attachement à la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui lui permet de développer in situ sa pratique portant sur l’art et la nature, et de poursuivre la réflexion sur le littoral qui est l’objet de son mémoire de maîtrise.

Elmyna Bouchard

Lauréate du Prix de la Fondation Monique et Robert Parizeau
novembre 2003

par Denise Pelletier

(DP) - Elmyna Bouchard, une artiste originaire du Lac-Saint-Jean qui oeuvre dans le secteur de l’estampe, est la lauréate 2003 du Prix de la Fondation Monique et Robert Parizeau. Lancé en 2002 en partenariat avec le Musée national des beaux-arts du Québec, ce concours sur invitation a pour but d'apporter un appui aux artistes qui oeuvrent dans le secteur de l'estampe au Québec. Le concours 2003 conviait des artistes de moins de quarante ans ayant déjà un parcours solide.
La Fondation Monique et Robert Parizeau a remis à Elmyna Bouchard un montant de 50 000 $, réparti de la façon suivante: une bourse de 20 000 $ du Musée national des beaux-arts du Québec, une somme de 15 000 $ destinée à l'achat d'estampes de la lauréate par le comité d'acquisition du Musée, et un montant de 15 000 $ permettant au Musée de réaliser un ouvrage sur l'oeuvre de la lauréate, publié en français, avec des traductions en anglais et en espagnol.
Le lancement de la publication sur le travail de Ludmila Armata, première lauréate du Prix de la Fondation Monique et Robert Parizeau en 2002, a d’ailleurs été effectué lors de la remise du prix 2003.
Née en 1965 à Saint-Coeur de Marie, Elmyna Bouchard a obtenu un baccalauréat en Arts plastiques à l'Université du Québec à Chicoutimi. Lauréate de la Biennale du dessin, de l'estampe et du papier du Québec (Alma, 2001), de la Biennale internationale d'estampe contemporaine de Trois-Rivières (2001) et du Concours d'estampe Loto-Québec (2000), elle a à son actif de nombreuses expositions individuelles, dont les plus récentes sont «Du temps pour soi II» à la Galerie Madeleine Lacerte de Québec et «Estampes», à la Galerie La Digue à Marseille. Elle a aussi participé à de nombreuses expositions collectives au Canada et en Europe, et un grand nombre de ses oeuvres font partie de plusieurs collections comme celles du Musée national des beaux-arts du Québec, de Loto-Québec, d'Alcan. Elle vit maintenant à Montréal.
Avec ses oeuvres les plus récentes, Elmyna Bouchard organise -  comme l'explique l'historienne de l'art Hedwige Asselin en 2001 - "ses souvenirs d'enfance d'une façon légère, avec des signes d'une grande simplicité. Sans ordre apparent, les objets planent dans les airs, tout à fait libres (et) projettent une impression de passage du temps et de l'histoire d'un lieu personnel. "
Elmyna Bouchard fait preuve également d’une grande maîtrise technique, employant parfois jusqu'à trois techniques d'estampe différentes pour une seule oeuvre.

Richard Déraps

L'humour appliqué à des sujets sérieux
septembre 2003

par Denise Pelletier

(DP) - Des états d’humour plutôt que des états d’âme: voilà ce que veut transmettre Richard Déraps à travers ses illustrations et dessins peuplés de personnages grotesques ou loufoques. Par ses dessins aux couleurs souvent criardes, rehaussés d’objets collés ou juxtaposés tels des clins d’oeil complices, il livre ses commentaires sarcastiques sur divers sujets qui l’intéressent ou le préoccupent.
Des sujets de réflexion, ce professeur en publicité du programme Art et technologie des médias au Cégep de Jonquière n’en manque pas. Et il tient à traiter tous ces thèmes, même les plus graves, sous un angle humoristique. L’humour c’est sa ligne directrice, son point de vue sur l’homme et ses contradictions, sur les drames du monde et les bizarreries de la vie quotidienne. Il pourrait constituer aussi, dans certains cas, une cuirasse, un système de défense contre les aberrations de l’histoire et de la société.
Au Centre des arts et de la culture de Chicoutimi, Richard Déraps nous fait faire le «tour du propriétaire» de cette exposition qu’il y présente jusqu’au 28 septembre. Elle se divise en deux volets: d’une part des affiches promotionnelles du Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean et du concours Lecteur, lectrice de l’année, réalisées entre 1995 et 2001. Dans ce cas, l’effet comique est obtenu en prenant les thèmes au pied de la lettre.

Galerie Séquence

Les 20 ans de Séquence
août 2003

par Denise Pelletier

(DP) - Curieusement, cette année, beaucoup d’artistes et d’organismes culturels du Saguenay-Lac-Saint-Jean célèbrent leurs 20 ans de carrière ou d’existence. C’est sans doute un signe que l’année 1983 a été particulièrement effervescente dans le domaine de la création. Parmi ces «vingtenaires», Séquence, centre d’artistes qui marque cet anniversaire par une multitude d’événements et de manifestations qui, sous le titre de Trafic’art, durent un mois et demi, jusqu’au 5 octobre.
Gilles Sénéchal, un des fondateurs de Séquence, dont il assume la direction artistique depuis 20 ans, et Lucien Frenette, directeur administratif et associé à Séquence depuis 1985, ont bien voulu nous raconter l’histoire de ce lieu, à la fois galerie, centre de diffusion et de production en art actuel et organisme de soutien aux artistes et à la création.
A l’origine, dans les années 70, un collectif d’artistes de la région s’est formé pour présenter expositions et activités à la maison du Cran, sur la rue Jean-Allard à Jonquière, et a pris le nom de Galerie de l’Arche. Parmi eux, entre autres, Richard Langevin, aujourd’hui conjoint et gérant de Diane Dufresne, qui était alors étudiant au Cégep de Jonquière. Autour de lui, Carol Proulx, Michel Gauthier, Carole Gauthier.

Galerie Séquence

Séquence: bien enracinée, mais fragile
août 2003

par Denise Pelletier

(DP) - Séquence aujourd’hui, c’est donc le résultat de 20 ans de travail de la part de toute une communauté artistique. Soutenu financièrement par le Conseil des arts du Canada et le Conseil des arts et lettres du Québec, le centre administre un budget annuel de 350 000$ à 500 000$, dont les deux tiers vont aux projets, et le reste au fonctionnement. L’immeuble de la rue Racine compte trois salles d’exposition au rez-de-chaussée, et, aux deux autres étages, des bureaux et des salles polyvalentes qui peuvent servir à la production vidéo, à la création, à l’élaboration d’installations et de performances. Trois employés permanents et une vingtaine de collaborateurs occasionnels y travaillent.
Tout cela semble bien beau, mais en fait c’est fragile, car les revenus ne sont jamais garantis d’une année à l’autre, précise le directeur administratif Lucien Frenette.

Carole Desgagnés

La sculpture des sentiments
mai 2003

par Denise Pelletier

PÉRIBONKA(DP) - Carole Desgagnés a grandi entourée d’oeuvres d’art: ses parents avaient un boutique d’encadrement, sa mère aimait la peinture et achetait des tableaux d’artistes connus. «Il y avait beaucoup de belles choses autour de moi», dit-elle. Il n’est peut-être pas étonnant alors de la retrouver aujourd’hui au Musée Louis-Hémon, où elle présente une exposition de sculptures intitulée «Sentiments dévoilés». Fidèle à ses origines et à ses racines, l’artiste habite encore Dolbeau-Mistassini, sa ville natale: c’est là qu’elle a choisi de vivre et de travailler.
Attirée dès son enfance par les arts visuels, Carole Desgagnés faisait de la peinture et du dessin, mais pas de sculpture même si elle aimait beaucoup aller voir les expositions d’oeuvres de Rodin et de Laliberté. Elle ne pensait pas non plus en faire un métier, mais elle s’est inscrite au certificat en arts visuels à l’UQAC en 1989, pour élargir ses horizons, expérimenter davantage la création.
Dès les premiers cours, elle a été mise en contact avec la sculpture. Et ce fut une véritable révélation. «La sculpture correspondait exactement à ce que je recherchais. Je pouvais enfin faire passer directement au bout de mes doigts tout ce que je ressentais. En peinture, je m’étais toujours sentie limitée, je n’étais jamais satisfaite de mes tableaux, tandis qu’en sculpture, j’exprimais mes émotions de façon concrète, immédiate. Si je pouvais, je ne ferais que ça, du matin au soir».

Carole Desgagnés

Toute la terre au bout des doigts
mai 2003

par Denise Pelletier

PÉRIBONKA(DP) - Sculpter avec les mains: c’est un véritable plaisir pour Carole Desgagnés, qui modèle toutes ses pièces avec ses mains et ses doigts, se servant d’outils à l’occasion pour ajouter quelques détails. Ce contact direct entre le corps et l’oeuvre lui procure des sensations extraordinaires.
La technique est assez simple: modelage en argile des pièces à l’intérieur desquelles elle insère des cônes de papier pour les conserver creuses. Puis c’est la cuisson et la finition, soit l’application d’une patine, là encore avec les doigts, qui donne à toutes ses pièces l’aspect du bronze.
Cette patine représente une transition entre les sculptures déjà réalisées et l’étape suivante que veut franchir Carole Desgagnés, soit la création de pièces coulées en bronze. Le travail de base ne sera pas tellement différent de celui qu’elle connaît, puisque les pièces devront là encore être réalisée d’abord en argile. Il faudra ensuite les envoyer dans une fonderie, soit la fonderie d’art d’Inverness, où des spécialistes réaliseront des moules en élastomère où seront coulées les pièces en bronze, à raison de huit à 12 exemplaires de chaque pièce, après quoi le moule sera détruit.

Freda Guttman

Réfléchir (sur) les dérives du monde
mai 2003

par Denise Pelletier

(DP) - Images déformées, reconstruites, réfléchies: le visiteur qui entre à la galerie Séquence pour voir l’exposition de Freda Guttman, intitulée «Notes from the 20th» et présentée jusqu’au 8 juin, est aussitôt saisi du besoin de regarder. De regarder ces disques qui tournent autour de cylindres, et finalement les cylindres eux-mêmes car c’est sur leur surface réfléchissante qu’il est finalement possible de discerner les images que veut transmettre l’artiste, d’origine juive, qui vit et travaille à Montréal.
Les images photographiques placées sur les plateaux tournants ont été déformées, étirées dans tous les sens dirait-on par un procédé appelé anamorphose: si on les regarde directement, on ne peut pas vraiment voir ce qu’elles représentent. Il faut plutôt observer leur reflet dans le cylindre et on constate alors que ces images montrant par exemple Hitler avec des jeunes, illustrent la montée du fascisme.

Yves Tremblay

Objets récupérés assemblés en réseaux
février 2003

par Denise Pelletier

(DP) - Truffé d’allégories, de métaphores, de glissements de sens, le discours d’Yves Tremblay ressemble à son Estacade, où sont à l’oeuvre des courants dont la force soulève parfois la surface et laisse entrevoir l’énorme pression à laquelle est soumis l’ensemble.
Cette Estacade, c’est le titre de l’installation qu’il présente à Espace virtuel jusqu’au 14 mars, est constituée d’un grand nombre d’éléments identiques qui convergent ou s’opposent selon la direction d’où on la regarde. Ces éléments ce sont des mandrins, ces tubes creux qui supportent les rouleaux de papier, dans l’industrie: ils ne servaient plus à rien, il y en avait 2500, on les lui a offerts. Tout de suite, Yves Tremblay y a vu ... y a vu des tas de choses. Cellules, molécules, unités appartenant à une plantation, à une société, à tout organisme qui est à la fois la somme - et plus que la somme -  de ses parties.
Et il s’est mis à jouer avec tout ça, d’abord dans son atelier chez TouTTout, puis sur place, dans la galerie, se tenant à l’extérieur de la ceinture de l’estacade pour en déplacer les éléments avec un grand bâton, tel un draveur poussant ses «pitounes». C’est l’image qu’y a vue Christine Martel, auteure en résidence qui écrit des textes en s’inspirant du travail d’Yves Tremblay.

Yves Tremblay

Neige usée: le début d'un riche parcours
février 2003

par Denise Pelletier

(DP) - Depuis plus de 20 ans, Yves  Tremblay est présent et actif dans le paysage saguenéen de l’art visuel. Ses études en art au Cégep puis à l’UQAC   témoignent de ce goût quasi inné qu’il avait de produire des images. Il a commencé par le dessin, au Cégep, pour se diriger ensuite vers la sculpture, à l’université. Pendant ses études universitaires, il a pris conscience des rapports entre l’oeuvre et l’espace et il s’est intéressé à l’idée d’habiter celui-ci: dessiner l’espace plutôt que d’y installer des dessins, en somme. 
C’est à l’occasion du Symposium de sculpture environnementale de 1980 au Saguenay, dont il avait, avec Jean-Jules Soucy, conçu la signalétique, qu’il a commencé à analyser le rôle de l’artiste. Ses réflexions l’ont conduit à relever un défi: vivre de son art dans sa région natale, le Saguenay.
Décision dans laquelle il a été conforté à l’occasion de sa première véritable oeuvre publique: il avait sculpté, en  lettres géantes, les mots «Neige Usée» sur les dépôts de neige usée accumulés sur la zone portuaire de Chicoutimi.