Galerie Séquence

Séquence: bien enracinée, mais fragile
août 2003

par Denise Pelletier

(DP) - Séquence aujourd’hui, c’est donc le résultat de 20 ans de travail de la part de toute une communauté artistique. Soutenu financièrement par le Conseil des arts du Canada et le Conseil des arts et lettres du Québec, le centre administre un budget annuel de 350 000$ à 500 000$, dont les deux tiers vont aux projets, et le reste au fonctionnement. L’immeuble de la rue Racine compte trois salles d’exposition au rez-de-chaussée, et, aux deux autres étages, des bureaux et des salles polyvalentes qui peuvent servir à la production vidéo, à la création, à l’élaboration d’installations et de performances. Trois employés permanents et une vingtaine de collaborateurs occasionnels y travaillent.
Tout cela semble bien beau, mais en fait c’est fragile, car les revenus ne sont jamais garantis d’une année à l’autre, précise le directeur administratif Lucien Frenette.

Par ailleurs, la mission de Séquence demeure exigeante:  même si certaines expositions sont plus accessibles et attirent davantage de gens, comme «Fauna secreta»,  «Portraitisés» et l’exposition sur le thème de l’homme nu, «notre vocation n’est pas de devenir populaires. Les organismes qui nous soutiennent, comme le CALQ et le CAC, nous assignent un créneau bien précis: celui de l’art d’avant-garde et de la recherche», dit le directeur artistique Gilles Sénéchal. Et cela demeure un défi: il faut convaincre les gens, simples curieux ou amateurs d’art, d’ouvrir leur esprit, d’entrer dans l’univers d’un artiste, sans préjugé et sans attente précise.
Pour les années qui viennent, la direction de Séquence poursuivra donc les actions engagées, en mettant l’accent sur quelques points importants. Par exemple le développement d’une meilleure synergie entre la galerie et le milieu régional. «Nous sommes reconnus à l’extérieur, par les ministères et les autres centres d’artistes, mais pas assez dans la région. Les dirigeants, que ce soit les élus municipaux ou les responsables d’organismes socio-économiques, ne saisissent pas toute l’importance de la diversité culturelle dans une région. Ils n’apportent pas beaucoup de soutien et plusieurs artistes s’en vont, dit le directeur, citant comme exemple le départ récent de trois jeunes créateurs prometteurs: Hugo Lachance, Fred Laforge et Stéphan Bernier.
Cette incompréhension déteint sur le public, avec parfois des conséquences graves: «quand le maire tourne en dérision les gestionnaires de la Pulperie en disant que les artistes ne savent pas compter, ça anéantit tous les efforts, tous les progrès accomplis au cours des dernières années par des créateurs et des responsables d’organismes», selon Gilles Sénéchal.
Cette meilleure communication, on cherchera à l’atteindre par les expositions, mais aussi par le développement de la formule de résidence qui permet à un artiste ou à un groupe d’artistes de séjourner dans la ville pour réaliser un projet: ils sont donc ainsi en relation avec le milieu culturel et avec tout le public.
Autre moyen: la réalisation de projets originaux et d’expériences qui mettent le public directement en contact avec la création, par exemple le projet Artbus, où les oeuvres sont placées dans les autobus de la ville, et l’an dernier, les Mille Mémoires, alors que de jeunes artistes ont réalisé des oeuvres et effectué des manoeuvres dans les lieux fréquentés par le public. Publications et projets à long terme, par exemple avec le créateur Rober Racine, sont aussi au programme.
Au point de vue des idées, Séquence continuera à favoriser les artistes qui interrogent le médium, photographique, vidéographique ou autre. Après  Trafic’art, la galerie présentera une exposition de l’artiste Raymonde April. Au printemps ou à l’été prochain, la commissaire Nicole Gingras sera invitée à monter «l’exposition des 20 ans», qui mettra en évidence différentes avenues explorées par les artistes d’aujourd’hui.