Design autour de l'objet quotidien
octobre 2001
par Denise Pelletier
JONQUIERE(DP) - On ne se rend pas toujours compte du nombre d'objets qui nous entourent dans notre vie quotidienne, ni des liens que nous entretenons avec eux. Pas plus qu'on ne se questionne sur leurs qualités esthétiques.
L'artiste Geneviève Gauthier a pris le parti d'analyser ces phénomènes dans l'exposition «Objets rituels pour mieux vivre le quotidien», qu'elle présente au CNE jusqu'au 2 décembre. L'installation, qui constitue la partie pratique de son travail de fin de maîtrise à l'Université du Québec à Chicoutimi, renvoie clairement à l'option qu'elle a choisie: le design de création. Pour construire la multitude d'objets qui constituent l'exposition, elle a utilisé des tissus et objets d'usage courant, les assemblant et leur adjoignant des textes qui élargissent leur réseau de significations.
Elle a regroupé ces objets en quatre sections ou thèmes correspondant aux quatre éléments: air, eau, terre et feu. Chaque section comprend deux îlots, deux groupes d'objets reliés chacun à un sous-thème: l'ensemble est présenté comme une série de ces kiosques qui servent à proposer des objets ou des services dans une exposition de type «salon».
Ainsi, pour l'air, une section, consacrée au «voyage rêvé», comprend des objets évoquant l'acte de voler: abeille, papillon, montgolfière, cerf-volant, ou encore une «cape pour aller s'aérer l'esprit». Tout ceci est fabriqué avec des morceaux de tissu de diverses couleurs, juxtaposés, collés ou cousus, auxquels s'ajoutent des cordes, rubans, bouts de ficelles et baguettes de bois. La forme de ces objets est associée, par le texte de présentation ou par certains détails de la confection, à leur usage rêvé, à leur potentiel symbolique. Par exemple, le papillon est en réalité un «panier pour cueillir des fleurs», l'abeille un «sac à souvenirs pour voyageurs», et la montgolfière un panier à pique-nique.
La deuxième section consacrée à l'air est orientée vers les activités sportives de plein air, illustrées par les vêtements ou accessoires tels anoraks, sous-vêtements, sacs à dos, bref, tout ce qui sert au transport d'objets et à la protection contre les intempéries.
Dans la section consacrée au feu, l'artiste évoque d'une part la chaleur du feu et du soleil en mettant en place des objets tels que couvertures, coussins, rideaux aux couleurs chaleureuses qui font penser au confort du foyer, et d'autre part la lumière, par une série d'objets éclairés ou allumés tels lanterne magique, lampes, lampions, bougies.
Pour le thème de la terre, l'artiste a conçu un module qui évoque le repos, le retour chez soi après une journée de labeur, par divers types de sièges ou d'abris: un «pouf-foin à remplir de feuilles mortes», un «abri épi pour s'isoler du stress urbain», et une «galerie de fourmi». Le deuxième groupe renvoie à l'idée de retrouver ses racines, au moyen d'objets qui servent à placer des collections ou des souvenirs: herbiers, boîtes et coffrets en tous genres.
Et enfin les deux groupes d'objets qui font référence à l'eau évoquent l'un les vacances à la mer, par des sacs en forme d'étoile de mer, d'éponge, de baleine, ou de coquillage, et l'autre l'eau qui coule, celle de la pluie, des cascades, des puits. Ainsi que les diverses façons de la diriger, de la puiser, de la recueillir, que ce soit avec des bols, des cuillers, des entonnoirs, des verres ou des bacs en tous genres.
Tous ces objets, innombrables, font inévitablement penser, par leur côté simple, naïf et même kitsch, au monde de l'enfance, à cet âge où on aime les poupées, les oursons, les couvertures, les objets et les assemblages qui permettent de s'abriter, de se tenir au chaud, de se protéger contre les agressions de l'extérieur. L'artiste affiche une nette prédilection pour tout ce qui évoque le fait d'envelopper ou de contenir: pochettes, paniers, boîtes, coffrets, bols, récipients en tous genres.
Bref, c'est une exposition à la fois intéressante, chaleureuse et accessible, qui s'attache davantage aux significations possibles des objets qu'à leurs qualités esthétiques. Native de Sept-Iles, où elle travaille comme dessinatrice industrielle, Geneviève Gauthier a étudié l'architecture, l'archéologie et le design de création.