Dire un maximum de choses avec un minimum de moyens
février 2000
par Denise Pelletier
CHICOUTIMI(DP) - Autant les oeuvres de -l'autre exposant- Sébastien Dion punaisées au mur sont grandes, vivement colorées et brillantes, autant celles de Gil Pitre sont petites et peu visibles à prime abord: elles sont en noir et blanc et insérées dans des cadres qui font ressortir davantage leur petit format. Gil Pitre, qui bénéficie aussi d'une résidence à Séquence dans le cadre de l'événement la Quarantaine, se dit d'une autre génération que Sébastien Dion.
«Lui il est né avec les ordinateurs, il est à l'aise avec toutes ces techniques, moi j'ai presque 40 ans et mon outil de base est la peinture. J'ai quand même fait un apprentissage pour explorer les possibilités de l'ordinateur, mais je l'utilise avec prudence, je n'ai pas l'impression d'en maîtriser tous les aspects», dit-il.
Il utilisera donc comme matériau de base les cinq dessins qu'il a réalisés à l'ordinateur, imprimés, encadrés et accrochés au mur. Ce sont cinq états préparatoires, qui donneront lieu chacun à quatre autres oeuvres représentant autant d'étapes. A la fin, parmi les 25 dessins, «j'en sélectionnerai cinq, puis un ou deux, que je vais travailler davantage, imprimer sur du papier de qualité, peut-être en grand format. Et j'y ajouterai peut-être une intervention à la peinture, pour y intégrer un élément figuratif, un dessin déjà réalisé qui représente un bol», dit-il.
Gil Pitre a présenté au CNE en 1994 une exposition intitulée «L'Anse à Beau Fils», qui constituait son travail de maîtrise en création (UQAC) et qui comprenait des sculptures-peintures de grande dimension. Il a participé à des expositions collectives et créé des oeuvres dans le cadre du programme d'intégration des arts à l'architecture. La réalisation d'une oeuvre destinée à un centre de personnes âgées l'a amené à s'interroger sur son art, sur l'art. Comment des personnes aux moyens physiques et mentaux diminués par l'âge et la maladie peuvent-elles comprendre une oeuvre?
Il a vécu une période d'incertitude, au cours de laquelle il s'interrogeait sur les éléments essentiels de la création. Cela l'a conduit à explorer davantage les oeuvres simples aux dimensions modestes, à s'intéresser aux lignes, aux formes de base. Les oeuvres exposées à Séquence laissent voir des volumes gris, noirs, traversés de formes dessinées grâce à des lignes claires. «J'essaie de dire le maximum de choses avec un minimum de moyens, en exploitant la sensibilité de l'écran». Lui aussi se pose des questions sur l'ordinateur en art: «cela permet d'aller plus vite, mais peut-être qu'on n'intériorise pas chaque étape comme on le fait en peinture par exemple», dit-il.
Natif de la Gaspésie, Gil Pitre a fait son bac en arts plastiques à l'Université du Québec à Trois-Rivières puis sa maîtrise en création à l'UQAC. Il a entrepris récemment une maîtrise en enseignement et transmission des arts, il est professeur d'ateliers d'arts au centre Nouvel Essor (Accueil en santé mentale) et animateur à la galerie Séquence.