Le corps tissé dans l'image
octobre 1999
par Denise Pelletier
CHICOUTIMI(DP) - A la galerie Séquence, la photographe Andréa Szilasi propose cinq photos grand format, trois en noir et blanc, deux en couleurs. Elles offrent des corps humains vus à travers un objectif, mais aussi dans certains cas associés à cet objectif, c’est-à-dire placés derrière une image incomplète, plus ou moins transparente, d’appareil photo.
Cet élément, par les techniques du graphisme, est littéralement tissé dans l'image: on n'en distingue que les parties les plus opaques, qui deviennent autant de lamelles, de barreaux ou d’éléments d’une grille derrière laquelle flotte un corps féminin étendu, un être nu aux jambes repliées, ou debout vu de dos. Dans un cas par ailleurs, ces lattes ne semblent pas appartenir à un appareil photo, mais plutôt à une grille intégrée à la surface d'un lac, et sous laquelle repose un corps.
Tout cela est placé dans des paysages soigneusement choisis et traités, lacs ou forêts qui deviennent ainsi le cadre bucolique de cette expression du corps. Une des photos, où il n'y a pas de caméra, montre un homme nu marchant dans un sous-bois, une autre enfin, où il n'y a pas d'être humain, présente une caméra dans un lac.
Autant de variations, donc, sur la perception du corps et sur les images qui peuvent l’illustrer, le cerner, mais jamais l’approcher vraiment. Des photos d’une grande beauté esthétique, qui laissent une impression de flottement, de distance, de nostalgie teintée d’un certain romantisme. Andréa Szilasi, qui vit et travaille à Montréal, a étudié en cinéma et en langue et littérature françaises à l’Université de Toronto, puis en arts plastiques à Concordia. Elle a présenté plusieurs expositions en solo ou en groupe, notamment à Montréal, Québec et Toronto.