Des paysages lumineux et fictifs
novembre 1998
CHICOUTIMI(DP) - A intervalles plus ou moins réguliers depuis une vingtaine d'années, Denise Lalancette expose un bouquet de peintures aux thèmes futuristes dans l'une ou l'autre salle de la région. Cette fois, c'est au Centre des arts et de la culture de Chicoutimi qu'on peut voir ses oeuvres, récentes pour la plupart. On y retrouve ses paysages lumineux et fictifs, où des lunes et des soleils tantôt verts, tantôt rouges, plongent dans des mers intérieures. Des structures semblables à des pylônes et des arbres rouges comme des gouttes de sang émaillent des plaines enneigées. Parfois aussi, des oiseaux ou des fleurs, nettement plus réalistes, ajoutent des éléments vivants, vibrants, organiques à ces ensembles qui autrement pourraient sembler froids.
Rencontrée sur les lieux de cette exposition, qui se poursuit jusqu'au 29 novembre, l'artiste nous présente quelques-unes de ses oeuvres. Deux toiles en particulier, intitulées respectivement «Floraison nocturne» et «Une étoile dans la nuit», en tons de gris obtenus seulement à partir de pigments noirs et blancs, sauf pour quelques petits éléments d'un rouge vif contrastant. D'autres toiles, également récentes, sont particulièrement lumineuses, dominées par les tons de bleu pâle et turquoise qu'affectionne depuis toujours Denise Lalancette. Elle explique que, comme elle travaille lentement, même la plus petite toile lui demande plus d'une journée, elle a beaucoup travaillé pour présenter suffisamment de toiles, mais elle a dû compléter l'exposition avec quelques grands tableaux qui datent d'une dizaine d'années.
A cette époque-là, elle travaillait encore à l'acrylique, mais depuis quelques années, elle a adopté l'huile. «La technique de l'acrylique était devenue trop facile, elle ne représentait plus un défi pour moi. Alors j'ai opté pour l'huile, avec laquelle il est beaucoup plus difficile d'obtenir la précision recherchée», dit-elle, ajoutant qu'elle utilise de très petits pinceaux.
Elle nous montre une autre toile, très grande intitulée «Vivre au soleil». C'est le titre d'une chanson de Nana Mouskouri, une artiste que Denise Lalancette aime beaucoup et qu'elle écoute souvent en travaillant. D'un soleil très pâle sort une portée musicale agrémentée des premières notes de la chanson, dans des tons de jaune vif, alors que le reste évoque un fleuve et des rives totalement inventés. «Au départ, c'était un peu pour agacer mon fils, qui n'aime pas du tout Nana Mouskouri, et finalement j'ai beaucoup travaillé à cette toile», souligne-t-elle.
Elle parle aussi du tableau intitulé «Un déluge, un sinistre», qui lui a été inspiré par le déluge de juillet 1996, et dont la facture est différente de celle des autres. Sur un fond de rochers noirs et gris, surmontés d'un ciel encore plus noir hachuré par la pluie, (effet de tristesse recherché et obtenu), apparaissent quatre cercles contrastants, dans des tons de jaune et ocre, tels des hublots par lesquels on distingue des cours d'eau qui emportent des arbres et des maisons.
Tous ses titres évoquent d'ailleurs des paysages, des atmosphères, un contenu qui emprunte à la fois au rêve et au paysage réel, touchant parfois la science-fiction ou le cosmos: «Chaleureux mirage», «Floraison cristalline», «D'un rose cosmique», «Visiteurs de l'espace», «La marche des cristaux», par exemple. Même ses tentatives de traiter la forme pure, dans «Sortie du néant» et «Relief inattendu», finissent toujours par se rattacher au réel, par des formes qui ressemblent à des éléments connus: cibles rondes, chemins sinueux, arbres ou falaises.
C'est dans sa ville natale, Saint-Ambroise, que Denise Lalancette a présenté sa première exposition solo, au sous-sol de la caisse populaire en 1976, quelques années après avoir terminé un bac en arts à l'UQAC. Puis elle a continué à peindre, tout en faisant carrière dans l'enseignement au niveau primaire: elle a enseigné les arts plastiques dans les écoles de la Commission scolaire de la Jonquière, puis elle a été titulaire de quatrième année à l'école Ste-Lucie. Elle a pris sa retraite il y a un an et demi, ce qui lui permet de consacrer plus de temps à sa création artistique.
Dans les années 80, sa carrière a pris une tournure internationale, alors qu'elle a exposé, en groupe ou en solo, à l'extérieur du pays. Notamment à New York, Winnipeg, Washington et, à deux reprises, à la B.H. Corner Gallery de Londres. Elle a été à trois reprises invitée au Festival international d'art graphique à Osaka au Japon, à des salons et des festivals en Europe. Elle a obtenu des prix, soit le premier prix du Club Europ'Arts à Vittel en France, la premier prix au Salon International de Nancy en 1982 et la médaille de bronze au Salon international de Charleroi, Belgique.
Sa biographie a été publiée dans l'Annuaire de l'Art international en 83-84, et dans le Who's Who in International Art, publié en Suisse en 1997. Elle vient de recevoir une demande de renseignements en vue de l'intégration de sa biographie au bottin de l'Académie internationale Greci Marino, en Italie.
Sa plus récente «sortie» remonte au printemps dernier, alors qu'elle a participé à une grande exposition internationale au Palexpo de Genève, dans la section qui regroupait 90 peintres du Who's Who. L'an prochain, elle pense présenter une ou deux expositions, à Montréal ou peut-être à New York.