Kathleen Daly et George D. Pepper

Témoins de notre passé rural
septembre 1998

par Denise Pelletier

JONQUIERE(DP) - Une exposition un peu inhabituelle est présentée au CNE jusqu'au 24 mai: elle réunit deux peintres ontariens, George Douglas Pepper et Kathleen Daly. Mari et femme, ceux-ci ont beaucoup voyagé, au Canada, au Québec, en Europe, au Maroc et dans le Grand Nord. Entre 1930 et 1950, ils ont séjourné dans la région de Charlevoix, où ils avaient construit une maison en bois rond. Ils ont aussi visité le Saguenay et ils ont peint les paysages et les gens de différentes régions du Québec.
George D. Pepper a vécu de 1903 à 1962, et Kathleen Daly de 1898 à 1994. Cette dernière a légué leurs oeuvres à 34 institutions muséales canadiennes. Le Centre d'art de Baie-Saint-Paul, qui en a reçu 500, soit 397 d'elle-même et 85 de son mari, en a sélecitonné 80 pour monter une exposition, et environ la moitié d'entre elles sont présentées au CNE, dans une seule salle.
Une exposition très dense, donc, où on retrouve des huiles, des dessins, des aquarelles. Ce qui frappe tout d'abord c'est que le style des deux artistes est très semblable: ils peignent des paysages, des portraits et des scènes de genre en accentuant les traits et en utilisant les mêmes couleurs.
Il y a des différences toutefois et il est amusant de s'y attarder. Par exemple, George D. Pepper, qui a été artiste de guerre durant la Seconde Guerre mondiale, est davantage attiré par les paysages et les objets, tandis que Katheen Daly s'est plus attachée aux personnes, aux scènes traditionnelles qui se déroulent à l'intérieur des maisons. Curieusement, c'est dans les techniques autres que l'huile qu'ils semblent réussir le mieux, les dessins pour elle et les aquarelles pour lui.
On peut voir ces oeuvres comme des témoignages livrés sur la vie d'autrefois dans la campagne québécoise, le portrait d'un milieu rural assez refermé sur lui-même, très loin des progrès et du développement socio-économique qui a suivi la crise des années 30. Les deux artistes portent sur tout cela un regard plein d'empathie, certes, mais qui ne débouche pas sur une véritable vision, notamment parce qu'ils ont un style très conventionnel. C'est une chronique ayant valeur plus ethnographique qu'esthétique.
Notons que l'exposition comprend aussi d'autres sujets abordés par les peintres: portraits d'esquimaux, de mineurs, d'arabes, paysages européens ou nordiques, réalisés au fil des voyages de ce couple pour le moins original.