Steve Leroux, Marie-Christine Simard, Yan Giguère

Facettes du quotidien en petits formats
avril 1998

par Denise Pelletier

CHICOUTIMI(DP) - Dans une des salles de la galerie Séquence, trois photographes qui travaillent maintenant à Montréal présentent, jusqu'au 24 avril, une exposition intitulée «Ode au quotidien». Il y a des points communs entre ces trois projets. D'abord le quotidien: des gens, des paysages, des objets qui les entourent ont servi de matériau de base à leur travail. Ensuite le noir et blanc, pas exclusif mais nettement privilégié par chacun d'eux. Un autre point commun: l'essentiel de leur travail s'est effectué au moment de sélectionner et d'agencer les images qu'ils avaient saisies en grand nombre, et celles-ci n'ont pas été retouchées en chambre noire. Et enfin, les photos sont toutes de petit ou très petit format.

Steve Leroux
Steve Leroux, l'instigateur du projet d'exposition à trois, nous explique, sur les lieux mêmes, que la série de photos qu'il présente est structurée par les quatre saisons. «J'ai voulu parler des émotions véhiculées par le temps qui passe en captant des images dans le quotidien», dit-il. Parmi ses images, qui sont seules, ou encore regroupées par deux ou par trois, quatre seulement sont en couleurs, une par saison. Plusieurs sujets sont vus à travers un «écran» comme un rideau, une fenêtre sale ou givrée, ou encore sont rendues floues par un mouvement de la caméra. «Cela brouille la réalité, crée une distance qui laisse la place à l'émotion», dit-il, ajoutant que les petits formats de ces photos de taille inégale correspondent bien à l'univers intimiste qu'il veut rendre.
De plus, ces photos sont placées sur le dessus de cadres relativement épais qui, comme des boîtes, donnent l'impression qu'il y a quelque chose enfermé à l'intérieur. Ses sujets: des personnages, des meubles, des pièces de la maison, des paysages: «je joue sur la dichotomie entre intérieur et extérieur: il y a des sentiments qu'on veut extérioriser, d'autres qu'on préfère conserver à l'intérieur de soi», dit-il.


Marie-Christine Simard
Marie-Christine Simard propose pour sa part, sous le titre «Spécimens», trois séries de petites photos polaroïd noir et blanc, insérées dans trois boîtiers comme ceux qui servent à montrer des spécimens d'entomologie ou d'archéologie. «J'ai pris ces photos autour de moi, dans mon appartement, mon atelier, chez des parents ou des amis. Ensuite j'ai effectué une sélection, je les ai agencées comme les pièces d'un puzzle, de façon à raconter une histoire», dit l'artiste.
Il appartient bien entendu à chaque visiteur de construire sa propre histoire, à l'aide de ces fragments, de ces spécimens, qui représentent des personnages, des livres, des meubles et différents objets. Au bas de chaque série, en lieu et place du titre, Marie-Christine Simard a inscrit une phrase poétique: «le paysage se déploie autour de moi», «les lieux de répondent pas aux questions des images» et «les mots m'échappent».

Yan Giguère
Quant à Yan Giguère, il a effectué un travail en rapport avec le référendum québécois de 1995. «J'ai essayé d'exprimer ma réaction post-référendaire, les sentiments que m'inspirait cette défaite», dit-il. Ses images, de différentes tailles, sont non pas alignées mais organisées comme en un losange autour d'une photo centrale qui représente un personnage étendu par terre dans la neige et regardant le ciel. Il n'a pas photographié des événements politiques, mais des personnages, dont lui-même à quelques reprises, des portions de rues ou de bâtiments: il s'agissait non pas de décrire des faits, mais d'exprimer un sentiment. Là encore, c'est le visiteur qui construit sa propre histoire.