Rhétorique de l'autoportrait
avril 1998
par Denise Pelletier
CHICOUTIMI(DP) - Sous le titre «Présence?», Jérôme Lessard présente à la galerie Séquence une série de huit grandes photos qui explorent, dit-il, la rhétorique de l'autoportrait. Il faut «lire» ces photos dans leur succession afin de pouvoir détecter comment elles sont reliées les unes aux autres.
Le photographe lui-même se retrouve donc, comme sujet, sur six de ces photos, et celle où on le voit d'assez près, devant un mur où il y a aussi une fenêtre, constitue le pivot central de la série.
La première et la dernière photo montrent des paysages enneigés, où il n'y pas d'être humain. La première est chargée d'éléments, surtout des conifères qui ploient sous la neige, et la dernière est dépouillée, occupée en bonne partie par un grand champ tout blanc. Sur une autre image, Jérôme Lessard est photographié, en pied, sur les glaces au bord de l'eau: «j'ai découvert en Gaspésie ces paysages de neige et de glace que j'aime beaucoup: sur la photo, c'est comme si j'étais pris, enfermé dans ce paysage, la présence est très forte», dit-il. Sur une autre photo, la présence est seulement esquissée, puisque l'on voit simplement l'ombre noire du photographe projetée sur un plancher. Ailleurs, on le voit entre les rails d'une voie ferré: «le personnage est placé dans une perspective, sa situation, et les rails, indiquent qu'il va peut-être décoller», dit-il.
En somme, il a voulu montrer comment il est, comment on est dans différents espaces: la présence physique et mentale est différente selon que l'on est devant ou au milieu d'un paysage, la représentation exprime des variations de perceptions, le jeu entre présence et absence, selon lui.
Natif du Lac-Saint-Jean, Jérôme Lessard termine cette année son cours de photographie au Cégep de Matane, après quoi il compte revenir habiter Chicoutimi.