Denise Pelletier

Journal intime en 52 petits tableaux
mars 1998


JONQUIERE(DP) - Denise Pelletier (ce n’est pas moi!) , une artiste multidisciplinaire de la région de Québec, propose au CNE jusqu’au 12 avril une exposition intitulée «Journal intime». Ce sont des oeuvres encadrées, la plupart ayant pour support le papier matière, où des interventions ont été réalisées: écriture, dessin au crayon, collage, intégration d’éléments végétaux ou de tissus, par exemple. Quelques-unes sont un peu différentes, tranchent sur l'ensemble, comme celle qui porte une série de six cadres de diapositives, dont trois seulement contiennent effectivement une image, les autres ayant été laissés vides. Ou cette autre qui montre un carré de dentelle piqué au centre, ou encore d’autres où ont été collés de petits fruits séchés.
Il y a 52 oeuvres de petits formats, représentant les 52 semaines d’une année, et regroupés en 12 sections, comme les mois, autour en général d’une oeuvre de plus grand format.
Des éléments de style apportent une certaine unité à chaque regroupement: par exemple une couleur pâle ou foncée, une technique particulière comme le découpage, ou encore un objet, une forme qui revient dans toutes les toiles. Mais la démarche n’est pas systématique, il y a des variantes dans la disposition et le contenu, comme autant d'échos aux mouvements intérieurs d’une âme unique.

Le blanc et l’ocre dominent un peu partout, avec quelques incursions dans les gris et les bleus. Pour apprécier le travail, il faut se déplacer d’un tableau à l’autre, adopter, comme le suggère le titre, la démarche de quelqu’un qui lirait un journal intime. On n’y trouvera évidemment pas d’anecdote, puisque les éléments figuratifs sont plutôt rares, mais plutôt une succession d’atmosphères, une constellation d’idées dessinée par des traces d’écriture, par des morceaux de canevas ou de tissus, par les bords effilés de certaines pièces.
Des idées qui font référence aux travaux exigeant de la patience et des gestes répétitifs, comme la couture, le tricot, le travail du papier et du tissu, souvent associés à l’univers féminin et qui s'accomplissent dans l’ombre. On arrive à la notion de durée, à cause de ce travail, à cause aussi de l’organisation des oeuvres qui ressemble à celle d'un calendrier, et finalement à l'idée d’héritage, l’artiste prenant le relais des femmes qui l’ont précédée. On sentira, peut-être vaguement, mais tout de même, la présence de quelqu’un, d’une âme créatrice partie à la recherche d’elle-même, et qui veut partager avec des inconnus l’intimité de son univers.
Denise Pelletier, détentrice d’un baccalauréat en arts visuels de l’Université Laval, habite à Val-Bélair non loin de Québec. Ses oeuvres font partie de quelques collections et elle a été lauréate à la biennale l’Art et le papier d’Ottawa en 1996.