Brèves lueurs sur des "Paysages sans fond"
avril 1996
(DP)- Dans l’autre salle (de la galerie Séquence), on peut voir les oeuvres de Caroline Tremblay, native de Chicoutimi, où elle a étudié et travaille toujours. Sous le titre «Paysages sans fond», elle présente ici sa première exposition.
Sauf pour un ensemble qui comprend trois photos, chaque oeuvre est une photographie en noir et blanc d’assez grand format, placée sous (ou dans) une plaque de verre de plus grande dimension, qui a été recouverte de cire en épaisseur variable. Les sujets sont humains ou végétaux: des personnages, parfois très flous, parfois bien définis, comme cette jeune fille devant une fenêtre, ou cet homme au lit vêtu d’un chandail et d’une casquette. Sur d’autres photos, les personnages sont des ombres ou des silhouettes sombres. Et enfin, d’autres photos montrent un champ, un sol végétal ou un paysage sous-marin.
Tous ces sujets semblent figés, immobilisés comme si la photo les paralysait à jamais dans l’attitude où ils sont saisis. Le verre gratté, blanchi, qui leur superpose des rayures horizontales ou verticales, joue le rôle dynamique, imprimant un certain mouvement. Mais comme le même mouvement est donné à tout l’ensemble, sans faire de distinction entre les éléments, entre les meubles et les personnages, ou entre le premier plan et l’arrière-plan, il augmente l’impression d’éloignement et rend ces sujets encore plus insaisissables. Plutôt que des personnes ou des plantes vivantes, le visiteur voit, en regardant ces oeuvres, des instants, les clignotements d’une vie dont il ignore tout. Cette ignorance crée un mystère qui peut s’avérer fascinant.