Pierre Ayot

Museum Circus: humour, dérision et réflexion

par Denise Pelletier

JONQUIERE(DP) - Surprenante, l'exposition «Pierre Ayot et son Museum Circus» crée d'emblée une atmosphère de joie, de jeu, dans la salle du Centre national d'exposition où elle est présenté jusqu'au 2 juin.
Pierre Ayot, artiste québécois décédé en 1995, s'est exprimé par le biais de divers médias: peinture, gravure, sculpture, vidéo, installation. On le reconnaît à l'extravagance de ses propositions, où l'humour et la dérision débouchent souvent sur des réflexions plus sombres concernant le monde d'aujourd'hui.
Le Museum Circus comprend huit pièces verticales qui touchent presque le plafond. Elles sont faites d'éléments empilés comprenant en général un socle de bois, des livres, des objets usuels comme des boîtes de nourriture, et un ou des «toutous», ces animaux de peluche qu'affectionnent les enfants.
Ce ne sont pas les objets réels, cependant. Ce sont des photographies de ces objets, des images agrandies, puis imprimées par sérigraphie. Dans un autre temps, l'artiste a créé, en bois ou en plâtre, les formes correspondant à celles des objets d'origine, mais en travaillant autrement leurs trois dimensions, et il les a ensuite recouvertes des images. De sorte que ce ne sont pas des toutous, ni des livres, mais des éléments créés de toutes pièces et qui les «reproduisent», des oeuvres en somme, qui constituent ces colonnes.
Il y a là un important effet de trompe-l'oeil, tout à fait fascinant. Frappé par l'ensemble, le visiteur n'a qu'une idée: s'approcher de chaque pièce pour en détailler les éléments. Toujours selon la méthode décrite plus haut, à l'exception des socles, Pierre Ayot a construit, par exemple, des livres dont on peut lire les titres: «Le Canard de bois», «La Grande parade du cirque», un album Tintin, des livres sur l'histoire et sur l'architecture. Et de la même façon, il a construit les autres éléments,  tels que boîtes de tabac, de nourriture pour chiens ou chats, cassette vidéo, et finalement, «toutous» ou animaux. Il a combiné ces éléments de façon à ce que chaque oeuvre raconte une histoire, sur laquelle il donne quelques incices dans le titre: on a «Onésime le tigre dessinateur», «Esmeralda la louve cartomancienne», «Xavier le bouledogue chef d'orchestre», «Ferdinand le panda facteur» ou «Heathrow Brothers les oursons équilibristes», par exemple.
Pour bien apprécier, il faut faire le tour, aller voir l'arrière des oeuvres: dans certains cas il est aussi travaillé que l'avant, dans d'autres, il a été laissé à l'état d'ébauche.
Cette exposition itinérante, montée par le Musée du Québec, est donc fort  attrayante, intéressante pour tous les goût et tous les âges. Né à Montréal en 1943, Pierre Ayot y a étudié en arts, puis il a enseigné à l'UQAM pendant plusieurs années. En 1966, il a fondé le centre de conception graphique Graff. Il a reçu de nombreux prix. Au cours des dernières années, influencé par l'art pop, il a fortement axé son travail sur l'idée du monument.