"Immortalité usinée": chirurgie sur toile
février 1996
par Denise Pelletier
CHICOUTIMI(DP) - La salle d'exposition Espace Virtuel est cette fois divisée en deux pour accueillir, jusqu'au 29 février, les expositions de deux artistes. Leur démarche est si différente que le contraste entre les expositions peut lui-même jouer un rôle dans l'expérience esthétique du visiteur.
Natacha Gagné, sous le titre «Immortalité usinée», présente des oeuvres de grandes dimensions auxquelles le nom de toile s'applique particulièrement bien. La toile est en effet perceptible dans toutes ces oeuvres non encadrées, comme support du travail et aussi comme élément visuel. Elle a en elle-même une signification puisque l'artiste a choisi comme référence le geste chirurgical conçu comme une agression envers le corps humain.
La toile devient donc le champ opératoire sur lequel l'artiste inscrit ses images: beaucoup de rouge, des grains collées dans la peinture, des images qui s'ouvrent pour laisser apercevoir l'intérieur: est-ce un coeur, un bras, un autre organe, on ne sait pas trop, mais les couleurs parlent du corps, de ses intérieurs mystérieux et des luttes qui s'y déroulent. Une des oeuvres est constituée d'une bande de carrés de toile qui court d'une extrémité à l'autre du même mur: cousus ensemble, les morceaux de toile sont d'un teinte verdâtre évoquant le milieu hospitalier, et deux images s'inscrivent sur plusieurs toiles juxtaposées.
Deux autres oeuvres sont des tableaux verticaux qui occupent presque toute la hauteur de la salle, et dont le haut est incliné par rapport au mur, tandis que pour les deux grandes toiles plutôt carrées qui complètent l'exposition, c'est la base qui s'éloigne du plan du mur.
«Immortalité usinée» constitue le début du parcours d'une jeune artiste qui pourrait s'avérer intéressant.