Michael Snow

Des liens significatifs avec le Saguenay
avril 1997


par Denise Pelletier

CHICOUTIMI(DP) - Parmi les nombreuses disciplines touchées par Michael Snow, on trouve la musique et le cinéma, dont il a donné un aperçu pendant son séjour au Saguenay. Hier, il présentait à Chicoutimi «La région centrale», un film qu'il a tourné au nord de Sept-Iles en 1970, en utilisant une machine qu'il avait construite pour imprimer à la caméra des mouvements circulaires, sur elle-même ou autour d'un axe.
Et vendredi, il était en concert au Centre culturel de Jonquière, dans le cadre du Festival des Musiques de création: au piano et au synthétiseur, avec un saxophoniste et un artiste vocal, il proposait des improvisations, construisant un espace sonore en mouvement, explorant les timbres et les textures.
Par ailleurs il a enregistré plusieurs disques, dont l'un, intitulé «Sinoms», à la galerie Obscure de Québec. L'enregistrement sonore de 30 voix différentes, d’hommes, de femmes, anglophones ou francophones aux différents accents, qui récitent la liste des noms de tous les maires qui se sont succédé à Québec, constitue le matériau de base sur lequel il a ensuite travaillé en studio, mélangeant, découpant, décalant les voix. «Cela donne l'impression d'une chorale qui chante, avec des ensembles, et des passages en solo», explique-t-il.
Michael Snow a offert un exemplaire de ce disque au maire Ulric Blackburn, dont il a fait la connaissance cette semaine. La complicité s’est vite établie entre les deux hommes, puisque le grand-père maternel de Michael Snow, Elzéar Lévesque, a été maire de Chicoutimi dans les années 30.
La mère de Michael Snow, Marie-Antoinette Lévesque, est donc née et a grandi à Chicoutimi, sur la rue Racine. C’est là qu’elle a connu celui qui allait devenir son mari: Gerald Bradley Snow, un ingénieur arpenteur venu de l’Ontario pour construire ponts et barrages. Elle a maintenant 93 ans et habite Toronto, tout comme son fils. Elle jouait très bien du piano, se souvient Michael Snow, qui a peut-être, en l'écoutant, acquis ce goût pour la musique qui ne l'a jamais quitté.
Jusqu'à l'âge de dix ans, Michael Snow (né en 1929) venait passer ses étés au lac Clair, au chalet de son oncle, Robert Lévesque, qu'il a d'ailleurs visité hier. Le lac Clair est important dans son oeuvre: ainsi, une toile intitulée «Lac Clair, 1960», se trouve à la galerie Nationale d'Ottawa, et des photos prises au lac Clair illustrent le livre autobiographique qu'il a publié en 1970.
Les oeuvres de Michael Snow, hologrammes, peintures, photos, sculptures, installations, se retrouvent aujourd'hui dans les plus grands musées du monde, à Paris, New York, Chicago, Los Angeles, Rome, et aussi dans les musées québécois. Il donne des cours dans une nouvelle école de cinéma, à Lille, prépare un livre d'art qui sera édité à Paris et qui a pour objet la célèbre série de ses «Walking Women», créée  dans les années soixante, et tourne un film à Toronto.