Jean-Paul Lapointe

La lumière s'invite à la fête
novembre 2001

par Denise Pelletier


CHICOUTIMI(DP) - Couleur et lumière, deux éléments essentiels du travail de Jean-Paul Lapointe. La lumière davantage présente que par le passé, la couleur traitée par la lumière, voilà ce que l’on peut «lire» dans les 24 oeuvres récentes qu’il présente à la salle de la Maestria (2e étage de la maison d’accueil, au 24 Racine Ouest) jusqu’au 7 décembre.
Six ans séparent cette exposition de la dernière exposition solo au Saguenay de Jean-Paul Lapointe, qui pourtant travaille toujours aussi assidûment et intensément. «Si je n'aimais pas cela, je cesserais de peindre», nous dit l'artiste de Chicoutimi au cours d’une rencontre à la galerie. Pendant ces années, il a exposé à l'extérieur de la région, et ici même en groupe et en duo, participé à des symposiums et autres activités et manifestations publiques, tout en continuant à peindre: chaque matin, il se rend à son atelier pour travailler, et c’est toujours un plaisir pour lui.
C'est un plaisir également pour ceux qui regardent ses oeuvres, est-il besoin de le préciser. S’il propose toujours des paysages, du Saguenay, de Charlevoix et d’ailleurs, il ne se répète jamais. Sa vision évolue, il explore des avenues nouvelles, dans le style qui l'a fait connaître et apprécier, qui témoigne aujourd'hui d'une plus grande sûreté dans la composition et d'une technique parfaitement maîtrisée et d'une grande connaissance de son médium, l'acrylique.
Ce n'est pas pour rien que son exposition s'intitule «Fête de la lumière»: la lumière est à la fois le sujet et l'angle de vision privilégié de la plupart de ses toiles. Il la traite d’une part en poussant très loin l’expression de la transparence, celle de l’eau et particulier, et d’autre part en peignant plusieurs nocturnes, paysages éclairés non pas par la lumière du jour, mais par des lampes, les fenêtres des maisons ou par la lune. Cela entraîne un traitement particulier de la couleur, une intégration, parfaitement réussie, des violets, bleus, gris et autres teintes moins vives de la palette.

Comme il le fait depuis ses débuts de peintre professionnel,  Jean-Paul Lapointe arpente les paysages d'ici et d'ailleurs, prend des croquis et compose ensuite des toiles en y disposant des maisons, des montagnes, des plans d'eau, parfois des personnages, des ciels et des bateaux, dans une harmonie de couleurs, souvent inspirées par l'automne, qui semblent découler les unes des autres.
Une impression de sérénité et de tranquillité se dégage de la plupart des oeuvres, impression confirmée par les titres qu'il choisit lui-même, tels «Plénitude», «Après la pluie», «Un matin chez moi», «Un village la nuit», ou encore plus simplement «Tranquillité». Mais cela ne va pas jusqu'à la fixité: chaque scène, chaque paysage, saisi dans un moment d'accalmie, semble encore tout vibrant de périodes plus agitées qui l'auraient précédé ou suivi: tempête, bourrasque, chute de neige, ou encore promenade «humaine». Le mouvement est en outre présent sur la toile grâce aux routes et chemins qui serpentent au pied des montagnes, descendent vers les cours d'eau, véritables lignes de force qui parcourent et éclairent les paysages.
Devenu légèrement plus figuratif et réaliste au fil des ans après avoir proposé au début des paysages plus oniriques, Jean-Paul Lapointe est cependant demeuré fidèle à son idée première, à savoir qu'une oeuvre d'art, un tableau, est là pour faire rêver. Et pour nous faire rêver, il a recours à toutes les ressources qu'il a acquises et développées au cours de ses années de pratique assidue: sens de la composition et de la couleur, maîtrise du dessin, capacité de se renouveler, de dire des choses différentes tout en demeurant lui-même.
Vocation
Natif de Saint-Charles de Bourget, Jean-Paul Lapointe a grandi à Kénogami. Il a toujours aimé dessiner, mais c'est sa rencontre avec le peintre René Bergeron, dont il fréquentait l'atelier quand il était écolier, qui l'a incité à peindre plus sérieusement. C'est à  à l'hôtel de ville d'Arvida qu'il présentait, en 1973, sa première exposition solo, laquelle fut suivie de plusieurs autres. Il a remporté de nombreux prix, présidé des jurys et des symposiums, et il vend des toiles dans une quinzaine de galeries, au Québec, au Canada, aux États-Unis et en Europe.