Une poétique de l'environnement
avril 2001
par Denise Pelletier
CHICOUTIMI(DP) - Dans les deux salles du centre d'artistes Espace Virtuel, Léon Perreault, un artiste de Saint-Antoine-sur-Richelieu, propose deux installations à forte connotation poétique, évoquant la relation entre l'homme et son environnement. Dans la première salle, «Ether Dreams» comprend trois modules, chacun formé d'un pylône de bois sur lequel sont installées, respectivement, une hélice à trois pales, une voilure de petit avion, et une pièce qui ressemble à la voile d'un bateau.
Ces trois structures sont placées l'une derrière l'autre, directement devant la porte d'entrée de la salle, de sorte qu'il faut les contourner pour pouvoir examiner chacune d'entre elles. La matière dont sont faites les hélices et la voile, c'est du papier, superposé, encollé, longuement recouvert de couches de laque, d'un brun ocré aux chaudes nuances. Dans le cas des ailes d'avion, la matière est pâle, transparente, laissant voir les fines nervures de bois qui la soutiennent. Il y a du métal aussi, qui encadre, enserre ou entoure les dormes, et dont la rigidité fait contraste avec la souplesse apparente du papier.
A tout cela, il faut ajouter le mouvement: l'hélice tourne à la verticale, les ailes d'avion à l'horizontale, et la voile demeure immobile. La vitesse des deux mouvements est inégale, rythmée par le grincement du mécanisme, que l'on écoute comme une musique. Cela évoque le besoin humain de se déplacer et d'inventer les moyens pour le faire en accord avec les différents milieux, grands espaces désertiques, océans, air.
C'est subtil, apaisant, très zen.
L'installation «Les découvreurs», présentée dans l'autre salle, est à la fois plus dépouillée et plus fascinante que la première. Sept kayaks sont suspendus par une de leurs extrémités à une corde, passée dans un anneau fixé au plafond et enroulée autour d'un crochet posé au mur. Leurs forme est identique, mais leur matière diffère: papier, tissu, toile, vinyle, bois sculpté, contreplaqué ou métal. De chacun dépasse une tête, mais une tête seulement, directement fixée à l'ouverture scellée par une substance noire (peinture, goudron?) qui recouvre aussi l'arrière de la tête.
Ces formes qui se balancent et leur contenu d'apparence humaine, éclairés par les grandes fenêtres de la salle, évoquent le vent, l'eau, le mouvement, les instruments tels le fil à plomb qui permettent de mesurer ces phénomènes. L'idée d'une pendaison se profile aussi derrière tout ça. Comme la mort et la vie qui se côtoient, le désir de connaître et de découvrir les espaces lointains entraînant parfois les voyageurs vers des dangers inconnus.
Une exposition inspirante.