Denise Lavoie

Les Paysages divers de la culture autochtone
octobre 2000

par Denise Pelletier

CHICOUTIMI(DP) - Depuis 1993, Denise Lavoie est associée au projet «Design et culture matérielle», mis sur pied en 1990 par Elisabeth Kaine, qui a dirigé sa thèse de maîtrise à l'UQAC. Ce projet, qui a pour but la mise en valeur des objets traditionnels des cultures autochtones, s'est développé depuis ce temps par le biais de diverses activités en milieu scolaire, dans le Grand Nord et au Saguenay-Lac Saint-Jean.
Diverses facettes de ce projet seront communiquées au public par le biais d'un événement régional en design d'une envergure exceptionnelle, intitulé «Paysages divers», dont le coup d'envoi a été donné jeudi dernier et qui se poursuivra jusqu'en janvier 2001. Il mettra en valeur la création multiculturelle sur le thème général «Paysages divers», par des  expositions, ateliers et rencontres. Trois expositions, donc, dont la première, «Paysages», présentée à l'Oeuvre de l'Autre jusqu'au 19 novembre, réunit les oeuvres de deux photographes et quatre designers, parmi lesquels Denise Lavoie, sur le thème de la création interculturelle. Une deuxième exposition, intitulée «L'objet que j'aime, sera présentée au CNE de Jonquière du 9 novembre au 4 janvier, et comprendra des objets anciens et actuels, artefacts de la culture autochtone provenant de musées et choisis pour leurs qualités «design». On y trouvera également des prototypes d'objets conçus par des jeunes Inuits au cours d'ateliers animés entre autres par Denise Lavoie et Élisabeth Kaine dans le Grand Nord, et des créations d'étudiants en design de l'UQAC. La troisième exposition, «Design et culture matérielle», présentée au Musée Amérindien de Mashteuiatsh du 30 novembre au 5 janvier, réunira les créations d'une cinquantaine d'élèves de cinquième année, âgés de dix ans, des écoles St-Denis de Chicoutimi et Amishk de Mastheuiatsh, qui participent actuellement à des ateliers de création d'objets orientés vers le design, animés entre autres par Denise Lavoie.

Celle-ci croit que ces ateliers offrent une possibilité de développement, d'ouverture et d'échanges fructueux aux jeunes qui y participent. Tout y passe: l'histoire, le français, la culture, l'expression orale, la valorisation et l'estime de soi, explique-t-elle.
En 1996 et 1997, elle s'est rendue quatre fois dans le Nunavik, notamment à Kangiqsualujjuaq et Inukjuak, pour animer des ateliers dans les communautés inuites, avec des enfants de dix ans. Ils devaient par exemple, sur le thème «mon lieu préféré», concevoir une façon d'apporter dans un lieu donné les objets auxquels ils tiennent: par des attaches, des sacs ou autrement. Sur le thème de «la cachette», ils devaient imaginer comment cacher un objet aimé: les jeunes avaient tendance à concevoir des gestes reliés à leur culture traditionnelle, comme percer, tresser, attacher, alors que les jeunes non autochtones ont plutôt tendance à vouloir brocher, visser, clouer des objets. Comme ces jeunes Inuits tenaient à conserver les objets qu'ils avaient conçus, on en a fabriqué des prototypes qui seront montrés à l'exposition au CNE.
Pourquoi enfin cette mise en valeur des objets de la culture autochtone? Tout simplement parce que la notion de design aujourd'hui ne se limite plus au Bauhaus et aux grands designers italiens et allemands: on se rend compte, dit Denise Lavoie, qu'il existe depuis le début des temps et que certains objets autochtones peuvent se réclamer des attributs du design: fonctionnalité et beauté esthétique. Par exemple, le kayak est un objet parfait à cet égard, de même que les vêtements faits de peaux superposées, qui ont inspiré les fabricants de vêtements de sport à multicouches isolantes.