Denise Lavoie

Pour mieux faire connaître le design: création et administration
octobre 2000
par Denise Pelletier

CHICOUTIMI(DP) - Parmi les disciplines artistiques dont les médias parlent le moins, il y a le design. On ne sait pas trop si ceux qui le pratiquent sont des  concepteurs, des gestionnaires, des individus, des entreprises, des artistes ou des artisans.
C'est en fait tout cela, ou une partie de cela, simultanément ou successivement, que doit pouvoir être  l'artiste en design, souligne Denise Lavoie, fondatrice et directrice de la Boîte Rouge vif, organisme sans but lucratif qui s'est donné pour mission de promouvoir le design au Saguenay-Lac-Saint Jean. Mais Denise Lavoie est sans doute mieux connue du milieu culturel régional parce qu'elle occupe, depuis juin 1999, le poste de présidente du Conseil régional de la culture.
Elle a accepté ce rôle parce qu'elle y a vu une occasion de mieux faire connaître sa discipline, et aussi pour défendre les travailleurs culturels en région, en travaillant à développer et à consolider leurs emplois. Ce sont des emplois précaires, qui durent huit à neuf mois, et les organismes qui engagent ces travailleurs doivent, à cause des limites de leur budget, les congédier pour l'été, alors qu'ils pourraient effectuer des travaux très utiles pendant cette période, dit Denise Lavoie. L'entrevue s'est déroulée tout près de la Galerie l'Oeuvre de l'autre, où a lieu une exposition qui fait partie d'un important événement régional en design auquel elle est associée (voir autre texte).

La ministre de la culture Agnès Maltais, qui ne connaissait pas cette problématique, s'est montrée réceptive aux propos des représentants du CRC, qui lui disaient notamment que ce serait préférable d'augmenter le budget de fonctionnement des organismes afin de les aider à conserver leurs employés, plutôt que de fonctionner par projets d'emplois temporaires, où se perdent beaucoup d'énergie et beaucoup de temps. Par ailleurs, à ceux qui croient que les CRC font double emploi avec les directions régionales du ministère de la Culture, Denise Lavoie répond que le rôle des deux instances est complémentaire, mais différent: les CRC sont des organismes de terrain, qui ont un mandat de cueillette d'information, de concertation, de contacts avec les artistes et les différents intervenants, tandis que les directions régionales s'occupent davantage de la gestion des programmes et des relations entre le milieu et le ministère de la Culture, précise-t-elle.
Quant à elle, elle a choisi le design parce que c'est une discipline hybride qui fait appel autant à la créativité qu'à la technique: le designer doit se servir de son imagination, et aussi de sa capacité à traiter et résoudre des problèmes techniques concrets. Quand on conçoit un objet en design, il faut se préoccuper de l'utilisateur: «j'aime tenir compte de l'autre, de celui pour qui je le fais», dit-elle. Pour elle, travailler sur commande est un stimulant beaucoup plus qu'un frein.
Denise Lavoie est venue assez tard à l'art et à la création. Native de Saint-Honoré, elle a étudié en secrétariat, puis en administration et elle a été pendant 14 ans secrétaire au département de radio-oncologie de l'hôpital de Chicoutimi. Après avoir discuté de décoration et d'aménagement avec un ami, elle s'est inscrite à un cours d'aménagement intérieur au Cégep. «Je voyais cela comme un loisir, j'ai pensé que cela me permettrait de décorer mon salon!» dit-elle. Cependant, le professeur l'a remarquée et lui a conseillé d'aller plus loin, de s'inscrire au nouveau certificat en design d'aménagement, qui s'ouvrait à l'UQAC.
Avec des étudiants qui avaient quelque dix ans de moins qu'elle, Denise Lavoie s'est donc initiée au dessin, au modelage, à diverses pratiques artistiques dans lesquelles elle n'avait aucune expérience. C'est tout un autre aspect de la vie qui s'est ouvert à elle, et qui a peu à peu pris toute la place. Elle a alors éprouvé la nécessité de faire un choix. «Tout le monde à l'hôpital me conseillait de prendre un congé pour me donner le temps de réfléchir, mais j'ai préféré démissionner», dit-elle.
Elle a mis sur pied un bureau de consultation en aménagement, mais elle a senti le besoin de parfaire sa formation et s'est inscrite d'abord au baccalauréat, puis à la maîtrise en création, option design à l'UQAC. Chargée de cours à l'UQAC, elle continue à parfaire sa formation, dans différents domaines. Elle a mis sur pied la Boîte Rouge vif, avec Élisabeth Kaine et Geneviève Lapointe. Jusqu'ici, elles ont réalisé  quelques contrats en design de communication, par exemple la confection d'un calendrier de bureau à l'intention des professeurs dans le cadre du programme de promotion des arts qui réunit le milieu des affaires le milieu scolaire et Ville de Chicoutimi
Les fondatrices de la Boîte Rouge vif ont opté pour la formule «sans but lucratif», se donnant comme objectifs de faire de la recherche et du développement, et d'éditer et distribuer des objets faits en région. Elles ont aussi ajouté un volet «service aux entreprises» qui, s'il fonctionne bien, pourra éventuellement leur assurer l'autonomie financière, étant donné que les subventions sont rares dans le domaine. Développement économique Canada leur a cependant accordé une aide financière pour leur permettre de réaliser une campagne de promotion du design dans le milieu des affaires.