Benoît Savard

Une histoire d'art et de fidélité
novembre 1999

par Denise Pelletier

LA BAIE(DP) - De retour au Québec après un périple de quelques mois en Europe, en 1976, Benoît Savard, détenteur d'un DEC en arts du Cégep de Chicoutimi, était donc déterminé à devenir peintre. Et pour lancer sa carrière, il a présenté une exposition... à Montréal, au Théâtre du Nouveau monde, grâce à la complicité de quelques amis et admirateurs. Il a vendu des toiles et attiré l'attention de quelques responsables de galeries québécoises.
A Chicoutimi, il a fondé l'Atelier 389, à cette adresse de la rue Jacques-Cartier, avec cinq autres artistes ou artisans, parmi lesquels la peintre Paule Lagacé. «C'était une belle période, ça bougeait beaucoup, il y avait des galeries comme celles de Madame Belzile, et l'Art Canadien, qui ont pris de mes toiles» dit-il. La Société des arts de Chicoutimi avait proposé un de ses tableaux lors de son encan annuel, et les enchères ont monté, à sa grande surprise. A l'époque, il peignait déjà des personnages, mais en leur donnant un petit air loufoque, caricatural. Il a même réalisé des bandes dessinées mettant en vedette de drôles de petites religieuses.
Et fait, c'était une époque d'expérimentation et de recherche. Il a touché divers genres, comme le portrait, la nature morte, l'abstrait, le paysage sans personnages. C'est vers 1980 que Benoît Savard pense avoir trouvé son style définitif, lequel subira bien sûr des modifications et connaîtra une évolution, tout en conservant les éléments de base qui permettent de le reconnaître. Vers cette époque, il se souvient avoir présenté une exposition à la galerie Clarence-Gagnon à Montréal: trente minutes avant l'ouverture, une foule s'était massée sur le trottoir devant la galerie, et toutes les toiles se sont enlevées très rapidement.

Et puis Benoît Savard a continué dans la voie qu'il s'était tracée, conservant son style inclassable sans se préoccuper des modes et des tendances, ce qui a eu pour conséquence une alternance entre les périodes fastes et les périodes difficiles.
Il a aussi travaillé dans d'autres domaines reliés à la culture, notamment pour le Musée du Fjord, où il est animateur, guide, et technicien au montage des expositions. Il a réalisé divers projets, par exemple une oeuvre visuelle et textuelle avec l'auteur Gil Bluteau, et des ateliers avec de jeunes déficients à l'école Médéric-Gravel: les participants avaient alors réalisé une murale, magnifique selon lui, sur le thème des premiers arrivants. Ce fut une expérience très riche qui lui a permis, dit-il, de rencontrer des enfants extraordinaires.
Il a aussi réalisé des oeuvres pour illustrer les jaquettes d'une vingtaines de livres publiés par l'éditeur Gaëtan Morin. Il a été le premier peintre (plusieurs autres l'ont fait depuis), à accepter de peindre une nativité pour l'exposition des crèches de Rivière-Éternité. Il est présent dans des ouvrages comme «Le royaume aux cent trésors», «Le Saguenay-Lac-Saint-Jean en peinture» et «Hommage à nos bâtisseurs».
Il y quelques années, en collaboration avec le Musée du Saguenay, Benoît Savard a commencé à fabriquer des répliques miniatures de la maison d'Arthur Villeneuve et de la petite maison blanche, qui étaient offertes comme objets promotionnels aux visiteurs. Cela lui a valu diverses offres, dont certaines totalement absurdes. En revanche, des démarches plus sérieuses sont actuellement en cours pour la réalisation des maisons miniatures de Gabrielle Roy, en Alberta, et de la famille Vachon au Québec.