Gail Paslawski

Vestiges d'une histoire à construire
avril 1999

par Denise Pelletier

CHICOUTIMI(DP) - Axant son travail sur la narration, photographiant des sujets vivants ou reliés au vivant, Gail Paslawski, qui expose à la galerie Séquence jusqu'au 30 avril, travaille sur le montage préalable, la mise en place, avant même la prise de la photo. Elle place donc ses objets et sujets, son décor, ses sources lumineuses, comme comme un peintre disposerait les objets avant de peindre une nature morte: ensuite, elle trouve l'angle le plus approprié pour photographier la scène.
Sa série «Danse macabre» comprend douze photographies en noir et blanc, réparties en deux séries de six sur des murs qui se font face. Une femme, vue de face, de dos, ou de profil, nue, ou encore partiellement ou totalement enveloppée de toile attachée avec des cordes, manifestement enceinte sur l'une des photos: voilà le leitmotiv. Les éléments qui l'entourent ont toujours rapport à cette notion de tissu froissé, de toile, d'enveloppement: le fond de chacune des photos est d'ailleurs fait de tissu.
Parfois une chaise, une table, un socle, sont emballés et attachés. D'autres objets apparaissent sur les photos: machine à écrire, étuis de guitare. Sur certaines photos, la corde est remplacée par ces jeux de lumières que l'on pose sur les arbres de Noël. Tout cela se présente comme des fragments, des éléments d'une histoire, d'une vie que le spectateur doit lui-même construire, car le sens n'en est pas évident.
L'autre série, intitulée «Artefact», comprend dix petites photos en noir et blanc, qui ont pour sujets des éléments du monde végétal et animal: oiseau, nid, embryon, ossements. Comme les photos de la série «Danse macabre», celles-ci ressemblent aux vestiges d'un passé insaisissable, déliquescent: non pas la vie, mais la pensée, non pas l'existence, mais la trace de ce qui a existé. C'est un travail fort intéressant sur la mémoire, sur l'histoire individuelle et collective, sur le pouvoir évocateur des images.