Léo-Paul Tremblé

Les rêves d'un homme libre

mars 1997

par Denise Pelletier

JONQUIERE(DP) - La visite de la rétrospective du peintre Léo-Paul Tremblé permet de constater que l’artiste revenait toujours aux mêmes thèmes, la plupart choisis dans la nature: marines, paysages, arbres, natures mortes. Mais aussi des bâtiments et des personnages.
On se rend compte aussi que, même si la plupart des toiles sont figuratives puisqu’on peut y reconnaître ce qui est peint, la figuration lui importait peu. Ce qu’il voulait, et il le disait lui-même lorsqu’il acceptait, toujours gentiment même si c’était difficile, de parler de son travail, c’était transposer sur sa toile la vie, l’essence des choses transformées par la vision poétique qu’il en avait.
Il l’a fait avec son style particulier, cette technique qu’il a rapidement mise au point (entre les premières oeuvres un peu maladroites et celles qui déjà, présentent un aspect achevé, il s’est écoulé peu de temps), qui consiste à tourmenter la forme et la couleur jusqu’aux limites. Travail en épaisseur avec la spatule, jeu avec les formes géométriques engendré par l’application, par l’arête, des petits bouts de pastel, travail sur la couleur et l’équilibre des formes. Bref, Léo-Paul Tremblé ne voulait pas reproduire des choses vues: poussé par un désir de création, il travaillait, triturait sa toile et ses pinceaux jusqu’à produire des oeuvres qui se révèlent aujourd’hui, dans plusieurs cas, des chefs-d’oeuvre.
Il se sentait libre aussi dans sa création, libre d’aller dans une direction ou l’autre; il y a des marines et des toiles sombres où on distingue à peine les formes, et d’autres toiles où la couleur éclate, lumineuse, par exemple les bouquets de fleurs, au pastel ou à l’huile, et un pastel intitulé «Baie Saint-Paul» où le vert vif, le rouge et l’orange ressemblent à un délire.
Très souvent, par le jeu des formes, Tremblé s’est approché de l’abstraction, ou plutôt d’une sorte de déconstruction dans la veine de Picasso. Il a rarement touché l’abstraction pure, mais quand il l’a fait, le résultat a été tout à fait convaincant, comme le prouvent les quelques toiles abstraites de l’exposition.
«Port de Honfleur», «Pointe de Chambord», une «Esquimaude», les quartiers de Chicoutimi et d’Arvida, la neige, les arbres, la mer, le vent, les fruits et les fleurs: ce sont ces sujets que Léo-Paul Tremblé invitait à répondre à ses questions d’artiste. Il a utilisé plusieurs techniques: huile au pinceau et à la spatule, gouache, mais son médium de prédilection était le pastel, et il s’en est servi pour réaliser des paysages et des natures mortes extraordinaires.
Il faut visiter cette exposition de Léo-Paul Tremblé: quels que soient vos goûts en matière de peinture, vous y trouverez ce que vous cherchez, beauté, émotion, sensibilité, et somme toute une âme.