Madeleine Robillard

Le visage de la danse et de l'émotion
janvier 1996
 

par Denise Pelletier

CHICOUTIMI (DP) - Au troisième étage du pavillon Sagamie, au local C-318 exactement, Madeleine Robillard propose une installation impressionnante par ses dimensions et son atmosphère. La double porte s'ouvre sur une salle plongée dans la pénombre: à intervalles réguliers, sur trois côtés de cette salle, sont disposées de longues draperies qui montent très haut à la verticale (la salle est haute de deux étages). Au sol, sur une grande toile noire disposée en plan incliné, est peint un visage dans des tons d'or, ocre, rouge, brun. Un visage inquiétant, tendu comme s'il allait émettre un cri, que l'on regarde pendant qu'une musique est diffusée d'on ne sait trop où.
Quand on regarde bien, on s'aperçoit que le haut en triangle de ces draperies évoque l'encolure d'une longue robe, laquelle aurait été trouée, usée et décolorée par le temps et l'usage, ce qui tend à confirmer l'impression que cette installation pourrait être un décor de théâtre où va se jouer un drame.
De danse plutôt, précise Madeleine Robillard qui présente cette installation comme travail pratique (soutenu par un volet théorique) de la maîtrise en arts de l'UQAC. Elle s'est toujours intéressée à la danse, et notamment, le dernière année, au buto, une danse moderne japonaise faite de gestes lents et dramatiques: ce décor dénudé conviendrait parfaitement à un tel spectacle, même s'il n'a pas été conçu dans ce but précis, mais comme une création artistique autonome.
Intitulant le tout «Mais nous, nous serons morts mon frère», Madeleine Robillard a voulu présenter une installation expressionniste, comme peut l'être le théâtre ou le cinéma. «Je veux avant toute chose créer un climat, lui donner une intensité dramatique qui touche le visiteur et qui provoque chez lui l'émotion», dit-elle, soulignant qu'il s'agit en somme de parler d'amour, comme la chanson de Raymond Lévesque d'où elle a tiré son titre.
Ces longs drapés ont été réalisés dans une toile trempée dans une solution d'acrylique, séchée puis imbibée, à même le sol, d'une terre humide d'où elle tire couleur et texture naturelles. Le visage au sol a été réalisé avec de l'acrylique et de l'argile en poudre.
Une très intéressante installation, donc, que l'on eut voir à la salle C-318 du Pavillon Sagamie, dans le couloir en pente qui longe la galerie l'Oeuvre de l'Autre: l'exposition dure jusqu'au 17 janvier et la salle est ouverte tous les jours, y compris samedi et dimanche, entre 10h et 22h.