Annie Tremblay

Traces, caresses et empilages
janvier 1996


par Denise Pelletier

CHICOUTIMI(DP) - Annie Tremblay présente, jusqu'au 3 février, sa première exposition solo à la galerie l'Oeuvre de l'Autre du pavillon Sagamie. Elle explique que le titre de cette exposition, «Caresse», fait référence aux très nombreuses manipulations de matériaux requises pour ce travail.
Ces matériaux, ce sont entre autres de la toile de canevas, des bouts de tissu récupérés, de la terre et du fil de métal. Le fait de découper, trier, assembler, coudre, teindre tous ces éléments évoque des caresses qui seraient échangées entre l'artiste et son matériel. «J'espère aussi que ces oeuvres seront agréables pour l'oeil du visiteur, une caresse visuelle en somme», dit Annie Tremblay. Bien qu'elle ait étudié en peinture, elle affirme n'avoir jamais peint une toile de façon traditionnelle, car elle a toujours voulu agir sur les matériaux de base eux-mêmes.
Ce sont des oeuvres longues et étroites, qui acquièrent leur volume grâce à la superposition ou à la juxtaposition d'un grand nombre d'éléments. «J'ai longtemps travaillé avec de vieux journaux, que je devais empiler pour les conserver. Comme l'effet visuel de cette superposition m'intéressait, j'ai voulu aborder divers types d'empilement  en utilisant de parcelles de matériaux de récupération», dit Annie Tremblay, précisant que dans l'oeuvre finie ont peut encore distinguer chacun de ces petits éléments.
L'assemblage est fait, selon les cas, au moyen de fil, de colle ou de tiges de métal sur lesquelles sont enfilés les différents éléments. Chaque oeuvre est ensuite peinte ou teinte d'un ton relativement uniforme, brun ou noir.
Toutes ces structures évoquent pour l'artiste les diverses strates de la couche terrestre, qui seraient présentées en coupe, et d'ailleurs la terre est le matériau de base de quelques oeuvres. On peut y voir aussi, selon elle, une évocation du corps humain, à cause de la forme verticale, ou, puisque chacun de ces ensembles est formé  de diverses pièces reliées entre elles par un même matériau, une véritable métaphore du tissu social.
Dans la deuxième salle de la galerie, on peut apercevoir la seule pièce de l'exposition qui ne soit pas au mur: les empilements sont posés par terre, chacun piqué sur deux longues tiges de métal dont une bonne partie pointe vers le haut, totalement dénudée. «C'est comme si l'ensemble n'était pas complet, cela donne à penser que ces tiges pourraient accueillir encore plusieurs éléments du même type», souligne l'artiste, ajoutant qu'on pourrait voir le tout comme un ensemble de traces que l'on serait invité à suivre.
Native de Chicoutimi, Annie Tremblay a terminé un baccalauréat en arts visuels à l'UQAC. Elle a cependant quitté la région en septembre pour faire un stage à l'Université du Québec à Montréal, où elle a également suivi un cours. Cela lui a donné l'occasion de participer à une exposition de groupe, et elle compte tenter de vivre de son art à Montréal.