Éloge et travail de la matière
octobre 1994
par Denise Pelletier
JONQUIERE (DP) - L'artiste Ghislaine Verville présente deux types d'oeuvres au CNE de Jonquière: des acryliques sur papier, et des tableaux et sculptures en aluminium. Les deux matériaux n'ont pas grand-chose en commun, mais l'artiste les travaille de telle façon qu'on peut y percevoir un style, une conception visuelle qui se ressemblent d'un médium à l'autre.
On pourrait dire que les acryliques ne sont pas sur papier, mais de papier, en ce sens que la couleur et le support sont intimement liés. Le papier est en effet déchiré, séparé, effeuillé de sorte que certaines parties s'en détachent, en relief sur le fond. Les couleurs épousent bien souvent les formes dessinées par ces déchirures et ces froissements du papier. Ce sont des couleurs pâles, du bleu, du rose, de l'ocre, présentées en couches multiples que l'on aperçoit par transparence.
Les deux «tableaux» en aluminium de cette exposition sont aussi travaillés en transparence: sur une surface absolument lisse, l'artiste s'est servie de divers instruments pour appliquer des teintes, sombres bien entendu, gris et noirs plus ou moins intenses. Sur cette surface ont été fixées des formes sculptées qui se détachent en relief.
Et qui conduisent le visiteur vers les autres oeuvres en aluminium, lesquelles tiennent plus de la sculpture. Plusieurs d'entre elles sont étroites et verticales, mais il y a aussi des formes plus massives, et d'autres plus complexes. L'important est la forme que ces pièces dessinent dans l'espace, comme l'indiquent les titres: «Par-delà la verticalité», «Symbiose». La plus intéressante est sans doute «Rythmes des moires II», forme complexe qui dessine deux carrés d'espace au moyen de tiges tordues comme des vis sans fin.
Ghislaine Verville est une artiste de Victoriaville. Son exposition, intitulée «Éloges de la matière», met précisément en valeur le jeu des matières et de leur interaction avec la couleur.