Barbara Claus

Un travail sur la poétique de la mort
octobre 1994

par Denise Pelletier

CHICOUTIMI (DP) - Barbara Claus présente, à la galerie Séquence, une exposition qui est une installation au sens premier du terme. Pendant quelques jours, ainsi qu'elle nous l'expliquait lors d'une rencontre sur les lieux, «je m'imprègne du lieu, je réfléchis, j'installe une pièce, puis un dessin, ensuite je m'assois pour regarder cela quelque temps avant de continuer.»
L'installation donc, joue un rôle important dans le résultat final, et, comme elle travaille en fonction du lieu, Barbara Claus ne présente jamais deux fois la même exposition.
Si cette exposition, qui se poursuit à la galerie Séquence jusqu'au 27 novembre, est unique, l'artiste y traite en revanche d'un thème qu'elle a maintes fois abordé: la poétique de la mort. Cependant, elle le fait d'une manière douce, sans brutalité et sans morbidité aucune.
Le lecteur qui entre dans la salle se trouve plongé dans la pénombre. A droite, la seule lumière est celle d'un carrousel de diapositives. Celui-ci projette sur le mur du fond la forme lumineuse d'une maison, dans laquelle se trouve un rectangle noir dessiné directement sur le mur. Dans cette salle, il y a , au mur, d'autres dessins minimalistes faits de quelques lignes, et des photographies qui montrent des morceaux d'édifices, des éléments d'architecture, portes, fenêtres, escaliers, frises décoratives sur le ciment. Ces photos sont très sombres, et l'une d'elles est, de plus, rayée de noir à l'avant-plan. Une autre de ces photos montre un élément de colombarium, et à l'arrière-plan, un édifice à logements. «Je ne peux m'empêcher de faire le lien entre les maisons funéraires et les appartements», dit l'artiste, qui a intitulé cette partie de l'exposition «Nos maisons, leurs maisons».
Dans l'autre salle, il y a encore des dessins et des photos, qui représentent entre autres une stèle, ou des statues de pierre, isolées du monument auquel elles appartiennent. «Le gros grain de la photo et l'agrandissement produisent une espèce de flou, on a l'impression que l'image se désagrège ou qu'elle surgit au contraire du mur», dit-elle.
Née à Bruxelles, Barbara Claus travaille maintenant à Montréal. Elle a quelques expositions solo à son actif, et plusieurs expositions de groupe, au pays et en Europe. Elle affirme s'interroger sans cesse sur son travail: «le milieu de l'art actuel est petit, j'aimerais avoir plus de contacts avec le public», dit-elle, consciente que le travail d'initiation à l'art devrait être fait auprès des jeunes écoliers. «En même temps, je me dis que si mon travail touche une seule personne, j'aurai accompli quelque chose d'important», conclut-elle.