Électricité, pitounes et aluminium
septembre 1994
CHICOUTIMI (DP) - Pierre Granche, sculpteur de Montréal, a des affinités particulières avec la région du Saguenay-Lac-saint-Jean, depuis qu'il a participé, en 1980, au Symposium international de Sculpture environnementale.
Depuis lors, il y est revenu plusieurs fois, pour voir ce qu'était devenue sa sculpture, pour donner des cours à l'UQAC, pour rencontrer les artistes d'ici qu'il avait connus.
Quand Espace Virtuel l'a approché pour lui demander de créer une oeuvre sur place, travaillant comme artiste en résidence, Pierre Granche a volontiers accepté. Tout de suite, il a pensé aux matériaux à utiliser, qui seraient forcément identifiés à la région, et aux thèmes à traiter, notamment la notion de périphérie et le désir d'aller ailleurs, un désir souvent exprimé par les artistes.
Cette semaine il mettait donc son installation en place. Ainsi que nous avons pu le constater en allant lui rendre visite, le «chantier» était assez imposant. Pierre granche avait apporté des plans détaillés et soigneusement confectionnés. Il avait aussi apporté plusieurs «usines» d'aluminium miniatures, tandis que des billots de bois et pas mal de matériel étaient déjà dans la salle.
L'installation occupe pratiquement toute la salle Espace Virtuel, dans les trois dimensions, expliquait Pierre Granche. Les matériaux utilisés sont principalement le bois et l'aluminium, typiques du Saguenay-Lac-Saint-Jean. En entrant, le visiteur aura sous les yeux une forêt de «pitounes» posées à la verticale sur le sol. Il suivra un chemin jusqu'au bout de la salle: tout au long de ce chemin, par terre, sont posées de petites «usines» en aluminium: usines, églises ou boîtes à lunch, leur format peut évoquer tout cela. Ces usines sont éclairées, de l'intérieur, par une lumière qui laisse voir des silhouettes d'oiseaux se détachant sur les murs et les toits.
Au bout de la salle, le visiteur se retrouvera à la base d'un plan incliné sur lequel il y a un rail et qui monte vers l'autre extrémité de la salle. Un chariot électrique doté de deux puissants projecteurs fait lentement l'aller-retour d'un bout à l'autre de du rail.
Pendant cette semaine, Pierre Granche a travaillé pour ainsi dire en public, accueillant les visiteurs et répondant à leurs questions. La plus grande partie de l'installation est aujourd'hui terminée, mais la salle est fermée jusqu'au vernissage, prévu pour jeudi, le 8 septembre. A ce moment-là, Pierre Granche mettra la touche finale à son oeuvre en y ajoutant le petit chariot électrique, qu'il a construit dans son atelier à Montréal.
«J'ai joué avec l'idée de l'opposition entre le centre et le périmètre», explique Pierre Granche. On est toujours dans une région, en fait, et on rêve toujours d'en sortir. Les artistes veulent aller travailler, exposer ailleurs. Cette symbolique est exploitée dans le chemin tracé par terre, en périphérie de l'installation, laquelle s'intitule d'ailleurs «680, Région/Périmètre», et qui permettra de contourner et d'apercevoir ce qui est au centre.