Isabelle Aubin

Foisonnement et fascination des séries
avril 1999

CHICOUTIMI(DP) - Dans son exposition intitulée «L'entre-deux», à la galerie Séquence, jusqu'au 30 avril, Isabelle Aubin utilise exclusivement des objets comme sujets et s'intéresse à la multiplicité des traitements possibles de ses images.
Son travail frappe par son foisonnement, par la multiplicité de ses éléments. Tout est présenté en séries: un objet, photographié, dessiné, modifié, placé sur fond bleu, puis en négatif, puis en contour seulement. Et contrairement à Gail Paslawski, Isabelle Aubin travaille sur le matériel photographique lui-même: émulsion liquide argentique, cyanotype, papier aquarellé, gomme bichromatée et autres, de même que le dessin, servent à altérer la représentation brute pour la tirer dans la direction de l'imaginaire.
Comme point de départ, elle se sert d'objets usuels: vieilles chaussures, valises, sacs, bouteilles, récipients divers, outils, pinceaux et objets servant au nettoyage. Chaque montage est complexe, particulier, sophistiqué: par exemple, «Les quatre coins» comprend trois séries de neuf petits cadres accrochés au mur selon des lignes brisées. La quatrième série est quant à elle posée à plat sur une table de bois, au milieu de laquelle il y a un trou à travers lequel on aperçoit l'image centrale, placée par terre.
Une autre série, intitulée «Les souliers», comprend des photos insérées dans de gros cadres de bois, dont l'épaisseur diminue avec la hauteur à laquelle ils sont posées. Une autre série encore est faite de boîtes en bois sur une étagère, une autre enfin d'outils, leurs formes recouvertes de papier photographique traité (sauf une vraie vadrouille), suspendus à des crochets.
Il s'agit donc d'un travail exubérant, éclaté, que l'on saisit par bribes successives plutôt qu'en vue d'ensemble. Certaines juxtapositions d'objets produisent un effet comique, et le tout ressemble à un jeu qui fait voyager l'esprit entre le réalisme et l'abstraction, entre le plein et le vide, entre le dessin et la photographie.