Des personnages au bout des doigts
juillet 2000
par Denise Pelletier
JONQUIERE(DP) - Tous ceux, et ils sont nombreux, qui passent par la billetterie centrale de la Semaine mondiale de la marionnette, située au 2446 de la rue St-Dominique, ont une occasion exceptionnelle d'établir d'emblée un contact privilégié avec le monde de la marionnette.
Ils y trouvent en effet les soeurs Esther Jones et Ann Jones, deux créatrices passionnées par leur art et par des matériaux tels que papier, pulpe, tissu, couleurs, qui fabriquent des marionnettes selon deux techniques très différentes. Marionnettes que les visiteurs peuvent admirer, tout en interrogeant les deux artistes qui donnent volontiers des explications sur leur méthode de travail, et qu'ils peuvent aussi acheter s'ils le désirent.
Esther Jones, aussi connue comme comédienne, a abordé divers médiums comme la peinture, le modelage, la fabrication de décors pour des spectacles, des pièces de théâtre, et le Salon du livre, mais c'est sa première «sortie publique», comme elle s'amuse à le dire.
Et cette première sortie se fait sous le signe du papier, un médium qu'elle apprécie de plus en plus. Elle présente, à l'entrée de toutes les salles où il y a des spectacles de la Semaine mondiale, sur quelques autres sites jonquiérois, et bien entendu dans son kioque, des marionnettes de papier, soldats, cow-boys, magnifiques chevaux.
Les différentes composantes des personnages sont légèrement pliées sur la longueur de façon à produire un effet de trois dimensions, et elles sont assemblées par des punaises dorées, qui marquent les articulations. Et pour cette apparition publique, Esther Jones, a décidé de se faire plaisir, troquant le papier Kraft dont elle s'était servie jusque-là pour du papier Canson d'Allemagne et d'autres papiers, comme du Chartam, qu'elle fait venir des États-Unis par le biais d'un fournisseur montréalais. C'est plus cher, mais la qualité des pièces est extraordinaire: elles peuvent se conserver cent ans, elles ne jaunissent pas: seul l'acide peut leur faire perdre leur couleur, explique-t-elle.
La mise au point de cette technique et la réalisation des pièces représentent des mois de travail. Combien, Esther Jones ne le sait pas. Elle ne sait même pas combien elle a fabriqué de marionnettes, mais elle avait peur, en début de semaine, d'en manquer, car la demande est très forte, les visiteurs se laissant facilement charmer par ses personnages. Beaucoup de comédiens et membres des troupes invitées à la Semaine mondiale repartent aussi avec leur marionnette.
Ann Jones
Tout à côté, sa soeur Ann Jones présente ses montages, ses ensembles et ses personnages fantasques, gnomes, chimères, oiseaux, dont les têtes sont modelées à la main dans un mélange de pulpe qu'elle a elle-même mis au point. Elle utilise diverses matières, un bec d'oiseau est fabriqué avec une dent d'ours par exemple, et confectionne des costumes magnifiques et chatoyants, où il y a parfois de la soie et de la fourrure. Elle y ajoute des accessoires dont certains sont faits d'acajou et d'ébène, de même que des pigments colorés choisis avec soin.
Ses marionnettes à gaine sont toutes des pièces uniques, bien sûr, mais certaines sont plus précieuses, réservées aux collectionneurs qui désirent ajouter une pièce prestigieuse à leur collection. D'autres visiteurs préfèrent s'offrir une simple boîte de pulpe surmontée d'une tête de personnage joyeusement bizarre.