Jayanta Guha

Un regard sensible sur les visages de la Chine
janvier 2000


par Denise Pelletier

JONQUIERE(DP)- Même s'il est né en Inde et vit à Chicoutimi, Jayanta Guha présente une exposition de photographies prises en Chine. On peut voir au CNE de Jonquière, sous le titre «Visages de Chine», jusqu'au 23 janvier, cette exposition qui comprend 26 photographies en couleurs, plus quelques objets et deux pièces de batik concourant à appuyer sa vision de ce pays où il s'est rendu à plusieurs reprises.
Professeur en sciences de la terre à l'Université du Québec à Chicoutimi, Jayanta Guha est également photographe et directeur d'un projet conjoint Canada-Chine, d'où ses fréquents séjours dans ce pays. Il a donc réuni des photos prises entre 1987 et 1999, sous plusieurs thèmes qui explorent autant d'aspects de la vie dans la Chine contemporaine, et qui mettent particulièrement en valeur les contrastes entre la plaine et la montagne, la ville et la campagne, la modernité et les traditions.
La plupart des photos de l'exposition faisaient partie d'un album publié par l'artiste en 1998 (Protée éditeur), ouvrage que l'on peut consulter sur place avec profit puisque des textes explicatifs explorent divers aspects de chacun des thèmes.
Toutefois, il n'est pas nécessaire d'avoir de longues explications pour apprécier ces photos, il suffit de les regarder d'abord, puis de lire les textes qui les accompagnent, chaque titre et sous-titre constituant le résumé d'une pensée. Par exemple, sur le thème de l'espace, Jayanta Guha propose une photo intitulée «Chaque espace doit être conquis», évoquant la culture du riz en terrasses, et pour celle intitulée «L'harmonie entre l'homme et la nature travaillant côte à côte», il a réuni dans une même image des champs cultivés et un arbre.

Les photos les plus intéressantes sont celles où l'on voit des enfants, par exemple celle qui s'intitule «Les enfants sont les enfants», où deux petites filles se découpent sur un fond plus sombre, et une autre présentant quatre gamins «à la recherche d'insectes pour leur collection», et dont le titre explique: «un petit bonjour en chinois («ni hao») provoque un sourire».
Particulièrement intéressé par le peuple minoritaire Miao, ses rituels et ses croyances, Jayanta Guha a pris plusieurs photos dans ce milieu, où on voit notamment les gens, adultes et enfants, qui portent de larges colliers métalliques.
Plusieurs photos montrent des gens qui mangent: dans une cantine mobile ou sur la place publique. Ailleurs, on joue aux cartes dans un parc, ou on participe à une séance de tai-chi dans la brume matinale. D'autres images montrent la jeunesse élégante qui déambule à la ville, le travail aux champs, ou encore les vestiges d'une mine.
Toutes ces photos d'une fort belle qualité technique mettent en valeur les humains dans leurs moments intimes et leurs attitudes spontanées: enfants souriants, beaux vieillards, travailleurs saisis dans des gestes qu'ils accomplissent régulièrement, inconscients sans doute du sens que l'on peut donner à ceux-ci. C'est la tâche qu'a accomplie le photographe en les associant à un thème, ou celle du visiteur qui réfléchit sur les mystères et les beautés de ce pays.