Le CNE rend hommage à l'oeuvre de Tremblé
mars 1997 (artiste décédé en 1995)
par Denise Pelletier
JONQUIERE(DP) - Est-ce dû à la qualité de l'homme et de l'artiste, ou encore à l'attention et à la sensibilité de ceux qui ont monté l'exposition? Sans doute à tout cela à la fois: toujours est-il que l'exposition consacrée aux oeuvres de Léo-Paul Tremblé, qu'on a intitulée «Préserver le rêve», est d'une qualité exceptionnelle.
La salle du Centre national d'exposition nous offre des oeuvres variées, dans lequelles il est possible de voir comment l'artiste, qui nous a quittés à l'automne 1995, a commencé, travaillé, évolué pour trouver très tôt ses sujets de prédilection et sa manière d'en parler.
Les toiles auraient suffi, sans doute, à notre bonheur esthétique. Mais comme sa mort est récente, on a jugé bon d'évoquer aussi sa vie, sa façon concrète de travailler. Cela se fait avec discrétion, bon goût et sensibilité: le centre de la salle est occupé par quelques présentoirs où on peut voir des pinceaux, spatules et couleurs pris dans son atelier, quelques livres d'auteurs qu'il appréciait, quelques lignes écrites de sa main: curieux, intéressé par les grandes questions qui se posent à l'humanité, Léo-Paul Tremblé écrivait aussi beaucoup, et fort bien.
Dans un coin de la salle est installé un téléviseur qui diffuse en continu une interview qu'il accordait à CKRS télévision en 1986, document vidéo exceptionnel où on le voit parler, avec passion et précision à la fois, de son art. On le voit aussi en plein travail: à genoux, appliquant, dans un geste presque violent avec le plat de la main, du pastel sur une toile posée par terre devant lui. Si on ajoute à cela la musique de Chopin, qu'il écoutait tous les matins, diffusée en sourdine, on peut dire que l'exposition constitue un environnement global qui donne l'impression de toucher, d'aussi près qu'il est possible, le mystère de la création, la chimie qui transforme l'idée, l'inspiration première en couleurs et formes appliquées sur une toile.
Il faut dire aussi qu'une bonne partie des toiles viennent de particuliers et n'ont jamais été présentées en exposition. Nancy Bourdages et l'équipe du CNE ont dressé une liste de ce qui était disponible dans la région, environ 300 oeuvres, répertoriées avec l'aide de Chantale Hudon, de la galerie La Corniche. Puis ils ont fait des démarches auprès des propriétaires afin de compléter la liste et de voir s'ils voulaient prêter des oeuvres, explique Nancy Bourdages. Elle ajoute que la plupart des gens se sont montrés réceptifs, très heureux de prêter leurs toiles à condition bien entendu qu'elles soient en sécurité et qu'ils puissent les récupérer à la fin de l'exposition.
On a donc retenu 60 toiles venant de 39 propriétaires différents, et la sélection a été très difficile, car, faute de place, plusieurs oeuvres intéressantes n'ont pu trouver place aux cimaises du CNE. De plus, la sélection s'est limitée à la région, mais on pense qu'il y a autant de toiles de Tremblé à l'extérieur, à Québec et à Montréal, où la galerie Desroches a longtemps représenté l'artiste. L'exposition reflète donc à la fois le travail de Léo-Paul Tremblé et le choix effectué par des amateurs, collectionneurs et amis qui ont acquis les toiles: en somme, la rencontre exceptionnelle entre un artiste et ceux que l'on pourrait appeler son public.
On attend plus d'une centaine de personnes au vernissage, aujourd'hui à 13h, et l'exposition se poursuit jusqu'au 27 avril.