Denis Rousseau

Saisir chaque côté de l'écran
décembre 1995

par Denise Pelletier

CHICOUTIMI(DP) - La galerie Séquence présente jusqu'au 12 janvier une fort intéressante exposition d'oeuvres photographiques de grand format de Denis Rousseau. Ces photos faisaient partie d'une installation intitulée «Le plaisir-Le désir-Le discours» qui a été présentée par l'artiste à la galerie Christiane-Chassay de Montréal.
L'installation comprenait de grandes sculptures réalisées à partir de matériaux divers, et des photos disposées sur les murs. Ces dernières ont été acquises et mises en circulation par le Musée canadien de la photographie contemporaine.
Il est bon de les voir seules, d'ailleurs, car le dossier de presse montre qu'elles ont été bien peu observées par les critiques qui ont commenté l'exposition à Montréal, les sculptures de grande dimension et plutôt impressionnantes ayant occupé presque tout l'espace médiatique.
Les images sont simples en apparence, mais quand on s'en approche, on s'aperçoit qu'elles ont été tramées et travaillées en laboratoire. Non pas pour en augmenter le réalisme, bien au contraire, même si elles sont figuratives, mais pour bien mettre en évidence le fait que ce sont des images, des créations de l'art. Le fait qu'elles représentent des objets identifiables constitue un avatar dû aux conditions de leur réalisation plutôt qu'une donnée essentielle.
Ces photos portent toutes, comme titre, un nom de lieu ou de ville, «Boston», «Barcelone», «Vancouver», «Massachusetts» ou «Alberta» par exemple. Chacune comprend un petit nombre d'éléments: dans certaines toiles, l'un d'eux est mis en valeur par une touche de couleur plus vive, et dans d'autres oeuvres, les différents volumes sont presque d'égale valeur en intensité et en tonalité.
Dans la première catégorie, on peut classer «Boston», qui nous présente un petit oiseau bleu perché sur une branche, ou encore «Dresde», qui met en évidence une femme au manteau rouge au milieu d'un paysage, «Vancouver», qui laisse apercevoir une main. Ou «Massachusetts», l'une des rares oeuvres qui ne fasse aucune référence à la vie animale ou végétale: on y aperçoit un mécanisme à roue dentée dont une partie est d'un bleu vif.
Dans l'autre catégorie, on peut ranger «Skelligs» et «Pays de Galles», qui laissent apercevoir des montagnes, «Montréal» qui montre un rideau dont les plis verticaux sont de teintes variées, ou encore «Drumheller», où l'on aperçoit l'oeil et les dents d'un animal.
Il s'agit finalement d'une belle exposition, les oeuvres sont dépouillées et dégagent une impression de sérénité, de simplicité. Elles ne révèlent leur complexité que si on décide de s'approcher, d'en observer les détails. On aperçoit alors leur trame, faites de lignes horizontales, comme s'il s'agissait d'images vues à travers un écran de télévision. L'écran, celui qui existe ou non entre l'objet réel et l'oeuvre photographique qui prétend le représenter, semble bien être la préoccupation de Denis Rousseau, artiste natif d'Ottawa, qui vit et travaille maintenant à Montréal.