Sonia Robertson

Monde moderne et coutumes ancestrales
février 1995

par Denise Pelletier

CHICOUTIMI (DP) - L'exposition de Sonia Robertson à la galerie l'Oeuvre  de l'Autre (jusqu'au 3 mars) plonge le visiteur dans une atmosphère tout à fait particulière. L'odeur d'encens qui le saisit dès l'entrée, associée à une chandelle qui brûle tout doucement dans la pénombre, annonce les couleurs: il faudra se montrer attentif et réceptif.
On s'y attend d'autant plus lorsque l'on sait que l'artiste est une Ilnu, (montagnaise), originaire de Masteuiatsh, et que sa création s'inspire de traditions ancestrales qui ont marqué son enfance. L'exposition intègre deux séries d'éléments contrastants dans leur principe, soit des objets «naturels», tels que morceaux de bois, pierres, peaux et os d'animaux et des produits de la technique moderne comme des projections vidéo et une bande sonore.
L'installation comprend quatre îlots, appelés «tentes», composé chacun d'une structure de tiges de bois qui évoque effectivement les tipis amérindiens. On y retrouve des objets suspendus par des lanières, notamment de petits paquets de tissu qui, telles des poupées, évoquent la forme humaine. Ou encore, dans l'un d'eux, des tiges: aux deux bouts de chacune d'elles, le même objet, tête ou crâne d'oiseau ou de petit mammifère.
Sur le mur derrière chacune de ces tentes, une projection évoque la forêt, la rivière, la montagne, autrement dit un environnement «naturel». Dans l'un des cas, il s'agit d'une image mobile. On entend en même temps des sons qui évoquent ceux des tam-tams ou encore les mélopées que l'on peut associer à des cérémonies traditionnelles.
L'exposition porte bien son titre: «Imiheuan», qui signifie prière ou religion: en faisant appel à tous les sens, elle crée dans ce lieu une atmosphère cérémonielle, qui nous met en contact avec des traditions dont on ne comprend peut-être pas le sens exact. On comprend cependant qu'il s'agit de croyances inspirées par la nature, le rythme des saisons, le comportement des animaux. Les Amérindiens, qui vivent en contact étroit avec ces phénomènes, sont partis de ceux-ci pour élaborer un monde spirituel riche et complexe.
Tout cela est mis en lumière littéralement par l'audiovisuel, comme pour montrer qu'il n'y a pas incompatibilité entre nature et culture, que le monde actuel peut servir à explorer celui d'autrefois, que l'un et l'autre peuvent s'enrichir mutuellement.