Suzanne Tremblay

Boîte noire: questions et réflexions
juillet 1997

par Denise Pelletier

CHICOUTIMI(DP) - Espace Virtuel présente deux expositions jusqu'au 25 juillet. Les deux artistes saguenéennes portent le nom de Tremblay, mais elles n'ont pas de liens de parenté, et leurs travaux sont différents bien que l'on puisse y déceler certaines préoccupations qui sont communes aux deux. Dans la première salle, Suzanne Tremblay présente «Boîte noire et liens étranges», qui comprend 15 oeuvres de deux types différents: celles qui s'articulent autour d'une boîte et les autres. Toutes sont réalisées à partir de matériaux de récupération.
Dans les deux types d'oeuvres, l'artiste s'intéresse à la notion de lien. Liens organiques qui bizarrement sont suggérés dans plusieurs cas par des fils de métal. La série des boîtes est à cet égard particulièrement riche en éléments évocateurs. Ces boîtes, dont le cadre est découpées dans des boîtes de carton, puis peint et posé au mur, noires ou de teinte foncée, évoquent un lieu clos, une matrice, le sein maternel, le lieu obscur et mystérieux où la vie prend naissance.
Par exemple, l'une d'elles est formée d'un cadre tout noir à l'intérieur duquel est découpée une ouverture de forme arrondie: quatre fils de fer sont fixés aux quatre côtés et retiennent, à leur croisement au centre, une forme peinte qui ressemble à un bébé emmailloté. Une autre oeuvre propose une boîte presque fermée peinte de couleur bronze. Par une ouverture qui y est découpée, on aperçoit un petit dinosaure jouet en plastique posé au sol, alors que les parois sont tapissées de papier journal et que le fond représente des images de dinosaures. Une autre encore porte en superposition des baguettes de bois disposées pour évoquer le toit et les murs d'une maison: au centre, l'image peinte d'un poupon enveloppé d'une couverture.

Dans l'autre série, le bois, la corde et les fils métalliques sont combiné de diverses façons. Dans certaines, c'est un bois de grève qui constitue l'axe central, autour duquel sont enroulées ou fixées des cordes, et des tiges de métal recourbées de différentes épaisseurs. Dans toutes, la forme allongée, ovoïde est évoquée, comme un cadre qui entoure l'oeuvre, quand il n'est pas tout simplement posé à côté de celle-ci. Parfois, ce cadre prend aussi la forme d un coeur.
Toutes ces créations en trois dimensions constituent à la fois des questions et des réponses, données avec sensibilité et intelligence, à des sujets vitaux, comme justement le monde organique, la notion d'origine (accentuée par la présence de dinosaures et d'autres formes animales), le corps, la mort, et même la maladie si on songe que certains fils métalliques sont enrobés de tubes plastifiés comme ceux que l'on utilise dans les hôpitaux pour les transfusions.
Si on va plus loin dans l'analyse du contenu, on arrive aussi à l'évocation de l'absence et de la solitude, présentes au début et à la fin du cycle vital.
La réflexion de l'artiste est aussi de nature formelle car elle joue avec les notions de deux et trois dimensions, la variété des formats et avec la notion de cadre, lequel n'est jamais clairement défini, toujours décentré ou déplacé.
Suzanne Tremblay est née et habite à Chicoutimi. Elle s'intéresse depuis longtemps aux travaux qui utilisent le papier et le textile, et elle a participé à plusieurs expositions collectives ayant pour thème le papier ou les oeuvres de petites dimensions.