Michel Sévigny

Des oeuvres visuelles, sonores... et invitantes
octobre 1994

Denise Pelletier

CHICOUTIMI (DP) - Avec les installations qu'il propose jusqu'au 13 octobre, l'artiste Michel Sévigny explore les relations entre le visuel et le sonore. Pour apprécier le travail, il faut littéralement entrer au milieu de ces oeuvres, dont deux sont installées à l'extérieur, sur le terrain gazonné situé entre le pavillon Sagamie et l'église Notre-Dame de Grâces.
Les éléments de l'oeuvre «L'Assiette» sont disposés en cercle: à chacun de ces supports de bois sont suspendues deux assiettes, percées d'un trou et attachées par une corde. Ce sont de vieilles assiettes, usées, ébréchées, disparates. Elles se balancent au vent et s'entrechoquent, ce qui produit des sons, une sorte de musique aérienne qui est plus ou moins forte selon l'intensité du vent. Quand on est au centre, l'oreille saisit les bruits tandis que l'oeil cherche à découvrir lequel de ces nombreux éléments en est la source. Le jour où j'y suis allée, le martèlement d'une foreuse qui travaillait à proximité concurrençait le son délicat des oeuvres de Michel Sévigny, un peu comme si on avait ajouté de la batterie à une petite musique légère: l'effet était plutôt surprenant, pas nécessairement désagréable.
Tout à côté, «La Table» constitue une variation sur le même thème. Cette fois, les structures sont des chaises construites en métal: à leurs dossiers sont attachés des objets et ustensiles de cuisine, tous en métal: couteaux, fourchettes, vases, gamelles et autres contenants, qui ont manifestement eux aussi connu l'usure du temps. Il n'y a donc pas de table à proprement parler, sauf le carré de gazon qui a été placé au centre de l'installation. Le son est forcément plus métallique, il se rapproche de celui du triangle de l'orchestre.
Une troisième oeuvre, à l'intérieur du pavillon Sagamie (salle D-106), est conçue de façon un peu différente. Intitulée «Le Boisé», elle est faite de madriers de bois posés verticalement, dont le centre est peint en différents tons de vert et les extrémités en bois naturel et rugueux. Deux grands cadres de bois noir, entourent le tout: ils sont vides à l'exception de deux petits haut-parleurs qui font entendre des bruits de hache, évoquant le travail des bûcherons dans la forêt. Là encore, l'oeuvre explore les rapports entre le visuel et le sonore.
L'artiste Michel Sévigny, originaire de la Beauce, présente cette exposition comme travail de maîtrise en arts plastiques à l'UQAC.