Thérèse Fortin

Un parcours et un style atypiques
décembre 2003

par Denise Pelletier

(DP) - L’artiste peintre Thérèse Fortin est revenue vivre dans sa région natale, après plusieurs années passées à Québec. Juste au moment de quitter Québec, elle y a réalisé un projet d’une envergure exceptionnelle, soit un immense triptyque peint avec la participation de 1500 personnes, à l’occasion du cinquième anniversaire de la Commission scolaire de la Capitale.
Cela s’est fait en août dernier, sous un immense chapiteau: huit personnes ont aidé Thérèse Fortin à disposer ses mélanges de couleurs et ses spatules sur des tables et à les distribuer aux participants, cadres et  employés de la commission scolaire, afin qu’ils puissent apposer des taches sur la grande toile de 15 pieds par six pieds mise à leur disposition.
Thérèse Fortin a travaillé ensuite pendant six jours à repérer, parmi ces taches, des motifs, des thèmes, des personnages. A partir de ses observations, elle a retravaillé la toile afin d’en dégager trois sujets: un saxophoniste, une étudiante en menuiserie et un joueur de soccer, des thèmes qui illustrent fort bien la diversité des activités étudiantes. Elle a ensuite séparé sa toile en trois tableaux distincts, et le triptyque est maintenant exposé au siège social de la commission scolaire de la Capitale.

Thérèse Fortin est devenue une spécialiste de la création d’oeuvres collectives selon ce même procédé. Elle en a réalisé une à Chicoutimi il y a un an et demi, avec un groupe de femmes invitées par l’AFEAS Notre-Dame de Grâce, et une autre au Château Frontenac avec 400 participants.
Dans sa création personnelle, elle procède selon la même technique, qu’elle a baptisée l’émergisme, et qui consiste à peindre d’abord des taches de façon spontanée, pour ensuite en faire ensuite émerger un sujet figuratif, en ajoutant des traits, en soulignant certaines formes et en atténuant d’autres. Elle travaille à l’huile et à la spatule, dans des tons de jaune, orange, rouge, brun, projetant des gouttes de couleur sur certaines sections de la toile de façon à créer un effet de mouvement.
Thérèse Fortin continue à produire, dans l’atelier situé tout juste en face de la maison qu’elle habite maintenant à Rivière-Éternité. Après une carrière dans le domaine des communications, elle est retournée à la peinture, un art qu’elle aime depuis son enfance, il y a une quinzaine d’années et s’y consacre à plein temps.

États-Unis
Curieusement, c’est aux États-Unis, davantage qu’au Québec, que ses oeuvres trouvent preneurs. En particulier à la Joy Gallery de Key West, en Floride, qui la représente depuis sa participation, en 1997, au Festival d’art de l’endroit. Thérèse Fortin a connu sa meilleure année en 2001, vendant plus d’une quarantaine de toiles. Entre autres, une de ses oeuvres, intitulée «Champagne», où on distingue une jeune femme assise près d’une table sur laquelle est placée une coupe de champagne («ma meilleure toile», dit l’artiste) a été achetée par un avocat new-yorkais en vue (il est entre autres l’avocat du Metropolitan Opera) qui l’a installée dans son bureau. Par la suite, celui-ci, qui ne la connaissait pas, lui a envoyé un courriel pour lui demander «où on pouvait la trouver à New York», et, apprenant qu’elle n’y était pas, lui a fait savoir qu’elle devait absolument se rendre dans la Grosse Pomme.
D’ailleurs elle le fera, et se rendra à Chicago et à New York pour y rencontrer des collectionneurs et des agents potentiels, après quoi elle retournera à Key West pour le vernissage d’une nouvelle exposition en mars 2004.  Elle exposera aussi à la Galerie Horizon de Sorel Tracy, du 8 au 28 février, une offre qui lui est parvenue par Internet.
Cependant, conséquence des attentats du 11 septembre 2001 à New York, le marché de l’art est devenu très difficile: les Américains et les touristes de l’extérieur ont pour ainsi dire cessé de voyager, et tout à coup Key West n’était plus une destination recherchée, souligne Thérèse Fortin, qui a subi pendant deux ans le contrecoup de cette situation, qui commence très lentement à se redresser.   Quant au Québec, elle y vend assez peu de toiles: «mon art est inhabituel, il sort peut-être trop des sentiers battus», croit-elle.