Yves Tremblay

Neige usée: le début d'un riche parcours
février 2003

par Denise Pelletier

(DP) - Depuis plus de 20 ans, Yves  Tremblay est présent et actif dans le paysage saguenéen de l’art visuel. Ses études en art au Cégep puis à l’UQAC   témoignent de ce goût quasi inné qu’il avait de produire des images. Il a commencé par le dessin, au Cégep, pour se diriger ensuite vers la sculpture, à l’université. Pendant ses études universitaires, il a pris conscience des rapports entre l’oeuvre et l’espace et il s’est intéressé à l’idée d’habiter celui-ci: dessiner l’espace plutôt que d’y installer des dessins, en somme. 
C’est à l’occasion du Symposium de sculpture environnementale de 1980 au Saguenay, dont il avait, avec Jean-Jules Soucy, conçu la signalétique, qu’il a commencé à analyser le rôle de l’artiste. Ses réflexions l’ont conduit à relever un défi: vivre de son art dans sa région natale, le Saguenay.
Décision dans laquelle il a été conforté à l’occasion de sa première véritable oeuvre publique: il avait sculpté, en  lettres géantes, les mots «Neige Usée» sur les dépôts de neige usée accumulés sur la zone portuaire de Chicoutimi.

Ce travail, réalisé en collaboration avec Guy Blackburn, avec lequel il avait fondé le groupe Insertion, a provoqué de vives discussions et une remise en question parmi les responsables municipaux et dans le public. Les gens furent sensibilisés à l’incohérence de cette pratique consistant à édifier des monuments de laideur et de saleté qui donnaient au «front de mer» de Chicoutimi des allures de dépotoir.
«Ça bougeait et ça bouillonnait à l’époque dans le milieu culturel saguenéen et ce projet nous a donné confiance, nous a montré qu’on pouvait être des artistes professionnels et avoir une certaine influence dans notre milieu», dit-il.
Après une première exposition solo en 1985, «L’atelier courbe» à Langage plus, Yves Tremblay a poursuivi son travail, et réalisé, au fil des années, des installations en utilisant souvent des matériaux de récupération industriels ou d’usage quotidien, explorant sans relâche les rapports entre la culture et la société, entre l’artiste et son milieu, posant des questions sur l’art, son rôle, sa nature.
Parmi ses nombreuses réalisations, on peut citer «Éléphant blanc» à Langage plus, «Plafond d’administration» à la galerie Le Lieu de Québec, «Abri de fortune» au Lobe, «Bagages de main» à Sopot en Pologne, «Jachère» à Marseille.
Des projets individuels, mais aussi plusieurs oeuvres collectives réalisés d’abord avec le groupe Insertion, puis avec TouTTout. Yves Tremblay trouve important de travailler avec d’autres artistes, et le regroupement des ateliers TouTTout, avec des artistes de tout âge et de diverses tendances, lui semble particulièrement stimulant: «c’est bon de voir que nous, les plus anciens, représentons quelque chose pour les artistes de la relève», dit-il. Il participe ainsi au projet Autour de la légèreté, qui permet aux artistes de TouTTout de produire des oeuvres et installations dans plusieurs villes et de recevoir les artistes de l’extérieur.