Nicolas de La Sablonnière

Chaque toile est une aventure unique
octobre 2002

par Denise Pelletier

(DP) - De la Sablonnière: le nom semble familier aux gens du Saguenay, où cette famille est nombreuse. L'un des membres de cette famille, Nicolas de son prénom, est peintre. Il a déjà participé à une exposition collective dans son Saguenay natal, exposé à quelques reprises à Montréal où il vit maintenant, mais c'est la première fois qu'il présente une exposition solo dans sa région. Cela se passe au Côté-Cour de Jonquière, l'exposition est une présentation de Médium: marge, collectif qui s'est donné comme objectif de soutenir et de diffuser le travail des artistes de la relève.
Après avoir exploré et étudié divers moyens d'expression artistique, incluant le cinéma, Nicolas de La Sablonnière en a conclu que c'était la peinture et rien d'autre qui l'intéressait. La peinture à l'huile, précise-t-il lors d'un entretien sur les lieux mêmes de l'exposition. C'est cette discipline et ce médium qui lui permettent le mieux d'exprimer ce qu'il a à dire. «Mon sujet c'est l'être humain, mais j'évite de m'attacher à une thématique», dit-il en présentant la vingtaine de toiles accrochées aux murs du Côté-Cour, qui, en effet, abordent des sujets fort variés.
Peindre une toile, pour lui, c'est comme se jeter dans le feu: «je pars à la recherche de ce qui se passe à l'intérieur de moi-même et je laisse arriver les choses, sans m'imposer aucune contrainte», explique-t-il. Ses toiles sont parsemées d'éléments symboliques, qu'il combine volontiers avec des images réalistes.
Il choisit les couleurs, habituellement nombreuses et vives, qui s'agencent avec les différents éléments de la toile, là encore de façon instinctive. Chaque toile représente une aventure différente, unique, elle peut être terminée en 10 heures ou en 200 heures, selon sa taille et son sujet.
Nicolas de la Sablonnière a étudié en art mais, «déçu de l'école», il a préféré créer sa propre méthode et acquérir une discipline personnelle qui lui permettra éventuellement de vivre de son art. Il a aussi inventé sa propre technique, en fonction de ses besoins, et c'est un aspect du travail tout à fait intéressant, selon lui: c'est stimulant de constater que l'expérience et l'expérimentation lui apportent des compétences dont il peut ensuite se servir en toute bonne conscience, puisque cela lui appartient en propre.
Si l'avenir est pour lui indissociable de la peinture, il envisage des façons originales de la présenter, différentes de la traditionnelle exposition en galerie. Il a dans ses cartons un projet qu'il partagera avec  Sébastien Bouchard, un peintre du Lac-Saint-Jean auquel il s'est associé. Le duo porte le nom de Fatrasie, mot qui désignait au Moyen Age une pièce de vers satiriques caractérisée par l'incohérence de la pensée ou du langage. Le nom a été choisi par les deux artistes pour ses affinités avec leurs créations baroques, tragiques et comiques.
Le projet consiste à monter une exposition qui sera d'abord montrée dans une galerie de Québec, puis installée dans une caravane à bord de laquelle les deux artistes sillonneront le Québec. Ils s'installeront dans différentes villes et inviteront le public à se rendre dans leur salle d'exposition itinérante.

Styles
Présentées en différents formats, les toiles de Nicolas de la Sablonnière sont tributaires de quelques styles différents. Réalisme et couleurs unifiées dans des portraits, comme «Le pêcheur», «Gene Zireff» et «Lesslyid Divass». Surréalisme par l'éclatement des couleurs, et le fourmillement d'objets qui s'entremêlent et se superposent dans «Le salami, la mouche et le champignon», «Le karnaval de Tanzanie» ou «Le chant du siège» entre autres. La manière est cubiste à tendance symboliste, imprégnée de traits hérités de la tradition classique québécoise. L'exposition se poursuit jusqu'au 28 octobre.