Paul Cloutier

Un faible pour l'hiver
octobre 2001

par Denise Pelletier

JONQUIERE(DP) - L’entrevue s’est déroulée dans l’atelier, petit mais fonctionnel, que Paul Cloutier a aménagé dans sa maison de Jonquière, et qui devient salle de musique quand sa femme ou un de ses trois enfants veut y pratiquer le piano. Il a aussi des «outils» de peintre à son camp de pêche, à Sagard. Et quand il voyage, il emporte son carnet de croquis, ou même son «atelier portatif» avec des toiles et quelques couleurs pour réaliser des lavis. Qu’il se trouve à La Baie, à Sacré Coeur, à Ste-Rose du Nord, à Saint-Hilarion, à l’Anse Saint-Jean, sur la rivière Moisie, à la Baie James ou encore dans les environs de Québec, il est donc prêt à saisir les instants qui lui semblent particulièrement attirants.
Il travaille moins l’été, avouant que cette saison ne l’inspire guère. «L’été tout est vert, la couleur me semble uniforme et j’ai moins de feeling», dit-il. Il préfère le début de l’automne, avant que les couleurs ne deviennent trop violentes. Et il aime encore plus l’hiver: les reliefs ombragés, les nuages dans le ciel, la diffusion de la lumière apportent la vie dans ces paysages. Et il revendique la totale liberté de transformer à son gré ce qu’il a vu: il peut créer l’hiver sur un croquis pris en automne, ajouter une vieille maison, un personnage, un animal, selon l’équilibre qu’il recherche.
Paul Cloutier avait commencé à travailler à l’huile, mais il a dû renoncer à ce médium, à cause des émanations qui l’incommodaient sérieusement. Alors il s’est tourné vers l’acrylique. «Ce n’est pas mon style qui a changé, mais ma méthode de travail», constate-t-il. Il a appris à maîtriser les exigences particulières de ce nouveau médium, avec lequel il est maintenant parfaitement à l’aise.

Il faut par exemple se souvenir de façon précise des proportions pour les mélanges de couleurs, et prévoir que les teintes deviendront plus foncées en séchant. Comme l’acrylique sèche plus vite, on peut procéder aux retouches plus rapidement et plus facilement.
S'il n’est pas peintre à plein temps, Paul Cloutier consacre à la peinture une grande partie de ses loisirs, produisant 50 à 60 toiles par année. Il est représenté dans des galeries de Québec et de Montréal, il a déjà réalisé des expositions collectives, en solo ou en duo avec Jean-Paul Lapointe. Il fait partie du Répertoire biennal des artistes canadiens en galerie, édité par Magazinart. Une nouvelle toile, intitulée «Charlevoix l’hiver», illustrera la rubrique qui lui est consacrée dans la prochaine édition de ce Répertoire. Il y aura peut-être d’autres expositions en solo, mais peu fréquentes, car c’est très exigeant de produire une trentaine de toiles en respectant les principes d’une telle exposition.
L’important, c’est d’y prendre plaisir, dit Paul Cloutier, qui n’a commencé à montrer ses toiles que quand il s’est senti vraiment prêt à le faire. Et il aime rencontrer les autres peintres, notamment quand il y a des symposiums. Ce qui le fascine toujours autant, c’est la diversité des visions: si dix peintres choisissent le même sujet, les dix toiles seront très différentes les unes des autres, dit-il. Son rêve, qui est également un projet sérieux: partir un an, en «Winnebago», sur les routes de l’Alaska, avec ses pinceaux et ses toiles, à la recherche de nouveaux paysages.