Claudine Cotton

En quête de matériaux et de contacts
décembre 2000

par Denise Pelletier

CHICOUTIMI(DP) - Claudine Cotton est venue assez tard à la création artistique. «Cela m'attirait, mais je savais que si je devais prendre cette voie, ce serait un engagement sérieux, profond, qui occuperait toute ma vie», dit-elle. Originaire de la Gaspésie, elle est venue à Chicoutimi pour faire ses études en enseignement des arts plastiques à l'UQAC, après quoi elle a enseigné. «J'aimais assez ce métier, mais il ne me satisfaisait pas totalement», dit-elle.
Elle a donc mûrement réfléchi, puis s'est investie dans la vie et le métier d'artiste. De l'artiste qui crée non seulement des oeuvres, mais des événements, des relations. Dans la plupart de ses projets, il y a un aspect circulation, échange impliquant des personnes: «je vais sur le territoire de l'autre, et réciproquement», dit-elle.
Par exemple, pour plusieurs de ses installations, elle doit entrer en contact avec des travailleurs qui ne sont pas des artistes, pour faire usiner des pièces, par exemple. Ce fut le cas pour un élément de «Borderline», ce néon rose en forme de lasso terminé par un noeud coulant.
Elle s'est adressée à l'entreprise Enseignes néon Pierre Ste-Marie, d'Alma, cela a permis selon elle des échanges intéressants sur la nature du travail de chacun, sur le rapport entre la matière et la création. Elle s'est aussi adressée à des ophtalmologistes et optométristes pour obtenir des lentilles cornéennes et divers éléments de son exposition. Des effleurements plutôt que des rencontres, prend-elle le soin de préciser, qui ont pour effet d'instaurer «un rapport poétique dans un univers où il n'y en a pas».Outre son projet «Clinique visuelle» à Montréal, elle en a un autre en chantier pour 2001, qui se tiendra  au centre d'artistes 3e Impérial de Granby. Jouant sur les notions de ruralité et d'urbanité, elle compte réunir d'anciens «laboureurs» pour leur «voler leur poésie», afin de produire une bucolique, un poème pastoral, dont le lancement aurait lieu dans un champ labouré. Elle les accueillera dans une auberge «couette et café», afin de recueillir leurs propos. Les résultats seront inscrits sur des oreillers de voyage, dans des avions conduisant les touristes vers le Sud: littéralement, un vol de poésie.
Ses projets prennent souvent la forme d'une collecte, d'une quête. Une quête de baisers à Amos, par exemple. Ou une quête de battements de coeur au Symposium de Moncton: elle avait enregistré les pulsations cardiaques de 67 personnes choisies au hasard sur la rue, qui ont servi de matériau à un montage sonore de trois minutes. Elle a travaillé l'été dernier, à Jarnac en France, dans le cadre d'un échange entre les galeries Danae et Langage Plus d'Alma, à un projet intitulé «Transvernacularité», impliquant des rubans tendus entre des volets, des brodeuses, un tableau ancien.
Membre active des Ateliers Touttout et de la galerie Le Lobe, et avant cela de l'Oreille Coupée, Claudine Cotton a aussi réalisé plusieurs travaux dans le cadre du programme d'intégration de l'art à l'architecture, notamment les bibliothèques municipales de Falardeau et de Dolbeau, la Pulperie et le Pavillon des Humanités de l'UQAC.