Sophie Dionne

Des oeuvres inspirées par la Chine
décembre 1994

par Denise Pelletier

LA BAIE (DP)- Sophie Dionne a un parcours artistique bien particulier. Le public a découvert son travail l'an dernier, alors qu'elle présentait au Centre socioculturel de Chicoutimi une série de toiles intitulée «Confidences à Catherine», mais la maîtrise technique dont elle faisait preuve démontrait bien qu'elle n'en était pas à ses débuts dans le domaine.
Elle propose actuellement une autre série, intitulée celle-là «Rencontre avec Damien», à l'Auberge des 21 de Ville de La Baie. Ainsi qu'elle nous le raconte au téléphone, ces toiles lui ont été inspirées par un voyage en Chine qu'elle a effectué au cours de l'année 1993. Une voyage tout à fait spécial, avec un groupe de médecins, qui lui a permis de visiter la campagne chinoise, les rizières, les hôpitaux. «Je ne sais pas si j'ai des ancêtres chinois, dit-elle, mais j'ai eu l'impression de retrouver ma famille là-bas, je me sentais vraiment chez moi».
Les enfants et les personnes âgées l'ont particulièrement impressionnée. «Les grands-parents ne sont pas dans des foyers d'accueil, ils s'occupent de leurs petits-enfants», dit-elle. Plusieurs de ses toiles sont inspirées de ces rencontres. Au cours de son voyage, elle a fait des croquis et pris des photos, qui ont constitué la base de son travail.
En fait, elle a conçu cette série de 20 tableaux comme un conte, et elle a demandé à François Hains d'écrire le texte. Texte et reproductions de ses toiles se retrouvent donc dans un petit livre intitulé «Rencontre avec Damien», qui met en scène un vieil homme qui rêve qu'il recommence sa vie, laquelle devient un voyage initiatique à travers toute la Chine.
Les toiles de Sophie Dionne sont réalisées au moyen d'une technique qui lui est propre: elle utilise plusieurs matériaux, entre autres acrylique, tissu, aérosol, pour obtenir un relief très prononcé sur certains parties de la toile, et elle donne à ses couleurs un fini métallique qui rappelle le bronze, le cuivre ou l'or. Elle a surtout illustré des scènes de la vie quotidienne telles que vécues par des gens humbles, comme la potière, un homme dans une ruelle, la rizière, le marché public, la moisson.
«Il y a quelques sujets un peu plus faciles, comme la grande muraille et la Cité interdite, c'était impossible de passer à côté, mais ce ne sont pas les toiles les plus importantes, c'est dans les autres toiles que j'ai pu exprimer ce que j'ai ressenti dans ce pays», explique l'artiste baieriveraine.
Son parcours est peu commun puisque Sophie Dionne a commencé une carrière artistique il y a près de 20 ans, obtenant en 1975 le prix «Découverte de l'année» de la Société des Arts de Chicoutimi. «Je peignais des paysages, c'était commercial», dit-elle. Elle ajoute qu'une longue maladie l'a tenue éloignée de son art pendant plusieurs années. Pendant cette période cependant, elle a réfléchi, mûri, pour en arriver à travailler ses sujets de l'intérieur, tout en mettant au point une technique assez complexe en accord avec sa vision personnelle.